Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

HONG KONG STAR – Au superbe coffret collector du prodigieux Syndicat du crime de John Woo s’ajoute un Exiled inspiré de Johnnie To.

Le Syndicat du crime. De John Woo. Avec Chow Yun-fat, Ti Lung, Leslie Cheung. 1 h 31.

Le Syndicat du crime 2. De John Woo. Avec Chow Yun-fat, Leslie Cheung, Dean Shek. 1 h 40.

Le Syndicat du crime 3. De Tsui Hark. Chow Yun-fat, Tony Leung Ka-fai, Anita Mui. 1 h 54.

Exiled. De Johnnie To. Avec Anthony Wong, Francis Ng, Nick Cheung. 1 h 44.

Il arrive parfois qu’un film fasse basculer l’histoire du cinéma. Le Syndicat du crime ( A Better Tomorrow) est de ceux-là. Avant qu’il n’explose sur les écrans au beau milieu des années 80, la production de Hong Kong était connue dans le monde pour ses films d’arts martiaux et ses stars du genre, Bruce Lee et Jackie Chan. Désormais, avec le triomphe du Syndicat ducrime et l’avènement de son réalisateur John Woo, l’île allait devenir la patrie du polar d’action rapide et violent. Une génération de cinéastes allait prendre le sillage de Woo, lequel devait quelques années plus tard gagner les Etats-Unis, où l’influence des films made in Hong Kong se faisait grandement sentir. L’idée avait germé dans la tête du réalisateur et producteur Tsui Hark, lequel avait suggéré à John Woo de tourner, à rebours des films de chevalerie en costume dominant alors le marché local, un polar urbain mêlant flics et gangsters, gros bonnets et petits malfrats, sur un mode dur et direct. Woo conféra au récit des rapports de deux frères truands sur fond de trahisons et de lutte pour le pouvoir mafieux une intensité unique. Le public mordit à pleine dent, Chow Yun-fat devient presque instantanément une star, et deux suites furent mises en chantier, la première réalisée par John Woo ( Le Syndicat du crime 2, 1987), la seconde par Tsui Hark ( Le Syndicat du crime 3, 1989).

Un coffret magnifique reprend cette trilogie dans une édition collector de quatre DVD, dont l’un propose la version longue (augmentée de 9 minutes) du troisième volet. Une fois n’est pas coutume, le principal bonus est fait de… papier, celui où John Woo apporte d’abondants commentaires, qu’accompagnent de nombreux et superbes documents photographiques. Un régal pour l’£il et pour l’esprit, et une introduction idéale à de grands moments de cinéma percutant, où naît une forme neuve dans la maîtrise de l’action, l’articulation narrative, les audaces jamais gratuites. Sans oublier quelques marques de fabrique comme cette manière qu’a Chow Yun-fat de tirer simultanément avec deux revolvers…

INDISPENSABLE

Si John Woo, après le sommet de Face/Off (1997, avec John Travolta et Nicolas Cage), s’est éteint dans le confort hollywoodien, la relève était bien assurée à Hong Kong. Et Johnnie To s’est progressivement imposé comme le nouveau cinéaste majeur du polar extrême-oriental. Celui qu’a consacré le diptyque Election/ Election 2 s’est même récemment libéré des conventions du genre avec un admirable Exiled que le DVD nous restitue dans toute son originale beauté. Cinq gangsters s’y retrouvent pour une ultime réunion hantée par une mort probable, même in-évitable sans doute, mais que précéderont quelques détours par les chemins de traverse d’une enfance retrouvée. Comme en apesanteur, To filme ces personnages au crépuscule de leur parcours avec un humour, un style, une émotion aussi, qui rendent Exiled immensément attachant. L’absence de tout bonus n’empêche pas le DVD d’être indispensable, comme l’est bien sûr le coffret du Syndicat du crime.

LOUIS DANVERS

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