Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Se mettre en scène sur le Web? D’accord, mais alors en musique. Et en playback…

i YouTube a commencé à contaminer la culture pop, il est aussi le premier à s’en nourrir. Cela peut se limiter à la mise en ligne de quelques pas de danse effectués au milieu de sa chambre. Certains se sont même spécialisés dans l’exercice et postent régulièrement de nouvelles chorégraphies. C’est souvent grotesque, mais pas toujours. Un soir, l’Irlandaise Sophie Merry passe un morceau de Daft Punk et filme ses déhanchements devant son garage. Quelques mois plus tard, elle sera contactée par une agence de pub parisienne pour devenir l’égérie d’une fameuse marque de jeans (qui récupérera au passage le buzz).

Mais l’exercice qui suscite le plus d’engouement reste malgré tout le play-back. Les exemples sont légion, et souvent hilarants (de Numa Numa aux Back Dormitory Boys, deux étudiants chinois parodiant les Backstreet Boys). Le phénomène a son pendant corporate: l' »office lipdub », ou comment filmer un grand playback au bureau, entre collègues. Des dizaines de sociétés ont déjà joué le jeu. Au point de voir se créer en France un premier festival du lipdub, le 12 décembre prochain. Le phénomène touche même aujourd’hui les universités (voir http://universitylipdub.com, lancé depuis l’université Furtwangen en Allemagne).

Le premier exercice du genre date en fait d’avril 2007. Il est l’£uvre d’une start-up new-yorkaise. Tous les employés de Connected Ventures sont alors réunis sur le plateau principal. Comme dans toute entreprise « jeune », il y a une table de ping-pong dépliée et chacun sirote une bière (histoire de se détendre?). Le but: enregistrer un playback de la chanson Flagpole Sitta du groupe Harvey Danger, en un seul long plan séquence. Le clip est tellement bien fagoté qu’il servira de modèle à des dizaines d’autres lipdub. D’ailleurs, le patron assure: « On l’a conçu de manière à ce que chacun puisse s’emparer du concept. » L’opération est réussie pour la société qui a sa plateforme vidéo (Vimeo)… En général, l’exercice est tout bonus pour le bureau qui se lance dans l’aventure: l’image cool est affirmée, la cohésion des « troupes » est renforcée. Y compris quand, comme dans le cas des employés d’AOL France reprenant L’amour à la française des Fatals Picards, on s’apprête à un fameux dégraissage, poussant l’ironie jusqu’à conclure le clip en dessous d’un grand panneau « à louer ». A moins que ce ne soit un dernier réflexe de survie: je poste sur YouTube, donc je suis…

Laurent Hoebrechts

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