Il est parfois plus cathartique de regarder les gens se vanner à la télé que d’aller au clash dans la vraie vie.

N’en déplaise aux pacifistes, une bonne insulte, un joli clash de temps en temps, ça libère une sacrée décharge d’endorphines dans le cerveau. « J’vous dérange pas trop? » à la vendeuse qui tape la discute au téléphone depuis 10 minutes au lieu d’encaisser, « Y’a moyen d’être plus lourd? » à celui qui vous suit « pour faire connaissance »… Evidemment, faut pas avoir peur des conséquences: la boutique, on n’y entrera plus jamais, et on changera de trottoir quand on recroisera le gars. La solution facile pour se libérer de son agressivité accumulée à peu de frais? La télé. Qui regorge de joutes oratoires et d’outrages, qui les encourage et les envenime pour le plaisir.

Et ta race?

Y o Momma, diffusé sur MTV France est ainsi un édifiant concours de « ta mère » (« est tellement pauvre… », « est tellement grosse… », « est tellement conne… ») organisé aux States, entre quartiers d’une même ville. Les « ta mère » proférés à tout bout de champ dans les années 90 – avec l’aide des bouquins de l’animateur télé Arthur – connaissent donc un regain d’intérêt. Des versions artisanales françaises de Yo Momma, destinées aux sites de partage de vidéos se multiplient depuis quelques mois. On entend d’ici les vierges effarouchées se lamenter du retour du « ta mère », grossier, vide, glauque. Elles ignorent sans doute – et nous aussi, jusqu’à la découverte de la page Wikipédia consacrée au sujet – que c’est à Shakespeare que l’on doit les premières joutes verbales à base de « ta mère ». Dans La Vie de Timon d’Athènes, par exemple, un personnage lance à l’autre « Tu es un chien! » Et l’adversaire de rétorquer « Ta mère est de mon espèce. Qu’est-elle donc, si je suis un chien? » Wooow. « Ta mère » serait donc en passe de détrôner « ta race »? Cette dernière vanne, star absolue des cours de récré, avait connu dans nos contrées un nouveau souffle à la faveur de la troisième saison de Koh-Lanta. Où un prof de sport de 29 ans à la gachette facile, Moundir, avait lâché un « ferme ta race » sanguin. Il était entré dans la légende.

LA CHRONIQUE DE myriam leroy

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