Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

300 SOMBRES HéROS – Après l’épisode mégalomane Loris Gréaud, le Palais de Tokyo retrouve le sens de la polyphonie à l’occasion d’une exposition schizophrène.

Au Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, à 75116 Paris. Jusqu’au 24/08.

Le Superdome incarne une certaine Amérique, celle du « think big ». Ce stade mythique construit en 1975 à La Nouvelle-Orléans accueille les grand-messes cathodiques de la société du spectacle. Celles qui brillent et qui crèvent l’écran façon « the show must go on ». On a pu y voir de nombreux Super Bowls – la finale du championnat de football américain -, les Stones en live, le pape Jean-Paul II, la Convention républicaine… Après l’ouragan Katrina, le lieu a montré un autre type de spectacle moins flamboyant. Un drame dévastateur, en un seul acte, rimant avec apocalypse et désespoir. Le Superdome a en effet accueilli les réfugiés de cet épisode sombre des Etats-Unis.

Ce haut-lieu de l’entertainment est aussi devenu celui de la tragédie potentielle. Une schizophrénie qui inspire au Palais de Tokyo une exposition plurielle constituée de cinq projets personnels qui  » s’entrechoquent et dessinent une géographie du chaos« . Au programme: une expo de Jonathan Monk à cheval sur le Palais de Tokyo et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, une chorale de Dark Vadors, une £uvre de l’Italien Sassolino, une sorte de favela reconstituée de Christoph Büchel ainsi qu’une sculpture imposante de Daniel Firman.

EXPO PLURIELLE

Si tous les travaux présentés n’offrent pas le même intérêt, l’un d’entre eux vaut franchement le déplacement. Il s’agit de l’£uvre réalisée en tandem par Fabien Giraud et Raphaël Siboni. Cette installation impressionnante intitulée Last Man£uvres in the Dark se compose de 300 têtes de Dark Vadors en terre cuite ( voir photo). Il est bien entendu impossible de ne pas faire le parallèle avec l’armée de Xian, cette armada de l’empereur Qin Shi Huang composée de 6 000 guerriers grandeur nature… également en terre cuite. Particularité, ici chacun de ces casques noirs émaillés est équipé d’un microprocesseur relié à un ordinateur central programmé pour chercher à atteindre synthétiquement le tube musical le plus sombre de tous les temps. La quête musicale est diffusée dans l’espace en temps réel au travers des 300 sombres héros. Tout au long de l’exposition, à partir d’une mémoire composée d’une multitude de morceaux de musique allant de la techno hardcore au requiem de Fauré, et par un système d’écoute, d’analyse et d’apprentissage, les Dark Vadors réunis autour d’un même destin de noirceur, tentent de composer la musique des ténèbres. Le tout pour une sorte de mélodie du bonheur inversée. Apocalypse now!

u www.palaisdetokyo.com

MICHEL VERLINDEN

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