Etonnant: en 2008, le soul brother n°1 est un Anglais aux yeux bleus. Echappant de peu au pastiche, Jamie Lidell est prêt au décollage.

Ca y est, la métamorphose est accomplie. Jamie Lidell (1973) est devenu Jim. L’Anglais avait commencé par bidouiller de la musique électronique expérimentale depuis Berlin. Le voilà aujourd’hui transformé en chanteur soul à plein temps. Au bout d’une longue journée promo, il parvient encore à fouiller ses souvenirs: « C’était la nuit d’Halloween. On a enregistréHurricane , et la suite est venue très rapidement. » Son précédent album avait déjà montré la voiede ses maîtres: Otis Redding, Sam Cooke, Stevie Wonder, Prince… Multiply comportait cependant encore l’un ou l’autre groove déviant. Ce n’est plus le cas avec Jim, qui n’a plus peur d’assumer ses penchants pop. « Le but était de piocher dans la musique que j’aime, celle des années 60, 70, et même du début des années 80. «  2007 a fait un triomphe à la soul rétro d’Amy Winehouse. 2008 devrait donc logiquement célébrer les mêmes tendances vintage chez Lidell.

Evidemment, les références sont tellement limpides que certains pourraient accuser Jim de manquer de naturel. Un comble pour une musique censée venir de l’âme. « Oui, mais regardez la Motown. C’était une usine à tubes, avec des compositeurs maison, comme Holland-Dozier-Holland, qui travaillaient très méthodiquement. Prenez encore des artistes immenses comme Sam Cooke: il faisait passer des émotions incroyables et était en même temps quelqu’un de très dur en affaires. Il apparaissait dans de beaux costumes devant un public blanc et le soir suivant il chantait devant des audiences plus hardcore. Et heureusement, sinon son talent serait resté confidentiel. Imaginez ce qu’on aurait raté! » Il s’arrête, réfléchit deux secondes, avant de continuer: « Le but, c’est de trouver l’équilibre. C’est un des objectifs de Jim : arriver à la bonne combinaison entre la musique que j’aime et le fait de sortir quelque chose de commercial. Pour moi, c’est important de faire ça à ce stade-ci. J’ai besoin de voir si cela peut marcher ou non. J’ai mis toute mon âme dans des projets parfois très expérimentaux, comme avec Super Collider, début des années 2000. Mais repartir dans cette direction, ce serait faire un pas en arrière. »

Quelque part, la critique est injuste. Elle s’acharne sur les plans seventies de gens comme Lenny Kravitz ou Jamiroquai, taxés au mieux de pilleurs, au pire de guignols. Jamie Lidell lui, avec ses faux airs d’idiot magnifique, de Forrest Gump funk, est épargné. Il faudra voir d’ici deux, trois albums. Mais en attendant, il n’y a vraiment aucune raison de se priver de Jim et de sa voix incroyable. Le concert devrait d’ailleurs être un des moments forts des Nuits du Bota. Sur la tournée précédente, Lidell brouillait les pistes avec un show solo où il explosait ses titres en mille morceaux. Cette fois-ci, accompagné d’un groupe, il dit rêver de shows qui feraient se rencontrer la soul historique du label Stax et les délires électroniques d’Aphex Twin. Courez-y!

u Jim, distribué par Warp. En concert le 7/05, sous le chapiteau du Bota.

u www.myspace.com/jamielidell

L.H.

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