Sublime royaume

Gifty, neurologiste américaine d’origine ghanéenne, a mis de la distance entre elle et son Alabama natal et abandonné un mode de vie où Dieu occupait jadis une grande place. À San Francisco, toute son attention est concentrée sur ses expériences sur des souris de laboratoire. Mais un appel du pasteur de son ancienne église la contraint d’accueillir chez elle sa mère, léthargique et dépressive. Cela fait des années que cette dernière n’est plus que l’ombre d’elle-même -précisément depuis que Nana, son fils aîné et grand frère adoré de Gifty, a été aspiré dans la spirale des opiacés… jusqu’à en mourir. La jeune chercheuse a elle-même cadenassé ses failles derrière l’excellence de ses résultats. Elle s’est choisi une voie ardue, de celles où une femme noire fait exception alors qu’elle-même rêverait qu’on la considère comme une scientifique tout court. Mais que va devenir son rempart de rigueur face à cette mère dont l’absence au monde occupe tout l’espace? Après le salué No Home avec sa fresque sur plusieurs générations, Yaa Gyasi resserre sa focale sur un huis clos intime et tendu. Elle explore de manière inédite et avec autant de méticulosité que son héroïne les traumas des familles issues de l’immigration, la religion et la science perchées sur chaque épaule.

De Yaa Gyasi, éditions Calmann-Lévy, traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Damour, 374 pages.

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