One Steppes beyond – Inédite en DVD, la trilogie mongole regroupe 3 films produits et co-réalisés par Peter Brosens, avant Khadak et Altiplano. Une découverte.

Co-réalisés par Peter Brosens, de 1993 à 1999. Dist: Melimedias.

En compagnie de la cinéaste américaine Jessica Woodworth, Peter Brosens a signé, ces dernières années, 2 fictions on ne peut plus originales, Khadak et Altiplano associant d’inédite façon conscience spirituelle et exigence esthétique. Produits et co-réalisés entre 1993 et 1999, les 3 documentaires créatifs qui composent cette trilogie mongole permettent, pour leur part, de remonter aux sources du travail du cinéaste louvaniste. Et offrent la possibilité d’appréhender dans sa quasi intégralité l’£uvre d’un auteur engagé dans la quête de l’âme même des espaces qu’il explore.

Cette qualité, City of the Steppes la met déjà en lumière. Co-réalisé en 1993 avec Odo Halflants, le film articule en courts chapitres des scènes empruntées au quotidien mongol au lendemain de la chute de l’Union soviétique, à quoi il superpose des images d’archives. A l’abri d’un quelconque folklore, le résultat réussit à restituer ce basculement qui affecte les êtres et les choses, en une accumulation d’impressions, poétiques, insolites ou autres. Non sans témoigner, au-delà des frémissements du monde, de la pérennité d’un esprit immuable. Six ans plus tard, Poets of Mongolia, co-réalisé celui-ci avec Peter Krüger et Sakhya Byamba, opère des allers-retours entre les steppes mongoles et la Belgique, à l’écoute de divers témoins -mineur, travailleur d’une centrale électrique, jeune femme aveugle ou exilée ayant construit sa vie en Belgique -, pour un questionnement sur l’identité mongole. Là encore, et quoique le cadre, d’une grandeur à couper le souffle, soit idéalement servi par le souci formel constant de l’auteur, on échappe à toute facilité ornementale pour atteindre à quelque chose d’essentiel et de simple à la fois. « Nous sommes des sentimentaux », explique l’une des intervenantes. Ce dont le film, au même titre que des chansons et autres poèmes, apporte la démonstration sensible.

Entre mythe et réalité

Ultime pièce de cette trilogie, State Of Dogs, cosigné en 1998 par Dorjkhandyn Turmunkh, en constitue aussi le volet le plus singulier. Convoquant la fable, le film installe le spectateur dans la peau de Baasar, chien errant en attente d’une possible réincarnation en humain, conformément à la croyance. Ce voyage là est absolument fascinant qui, dans des paysages d’une écrasante beauté, se fait récit métaphorique saisissant de l’errance, et de la désolation, non sans subtilement interroger l’homme. Soit l’invitation à une méditation en forme de rêverie. Et une façon particulièrement inspirée de toucher au caractère irréductible et sacré de l’âme mongole, à travers un film évoluant judicieusement au confluent du mythe et de la réalité, en prise poétique et contemplative sur la marche du monde. Etonnant, pour le moins.

Jean-François Pluijgers

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