Un DVD et un CD vendus conjointement nous plongent dans un documenta ire et un live, en sons et en images, de l’interminable tournée des frères Dewaele. Forcément électrique.

ous n’avions plus d’argent. Il fallait bien trouver un moyen de remettre nos comptes en banque à flots. » Les frères Dewaele ont le sens de l’humour. C’est ainsi que les deux Gantois, sans doute les plus grands ambassadeurs de cette invention farfelue qu’est la disparate scène belge, expliquent la genèse de leur DVD Part of the weekend never dies. L’idée ne vient pas de la fratrie mais bien de Pias, sa maison de disques.  » Notre label a remarqué qu’il se passait quelque chose autour de Radio Soulwax (Ndlr, le nom de leur tournée) , précise David . Il a réalisé que ce projet marchait partout mais vivait peu dans la presse, à la radio, à la télé. Il a donc imaginé un documentaire qui parlerait de nous mais aussi de Tiga, de Justice. De tous ces artistes qui gravitent autour de notre projet. »

Saam Farahmand, réalisateur de clips pour Janet Jackson, Lightspeed Champion et autres Klaxons, a suivi Soulwax en Europe, au Japon, en Amérique du Sud, aux Etats-Unis et en Australie. Il a filmé 120 concerts. Capturé un engouement, une énergie, une excitation…  » Il y a chez lui une complexité, un humour, un amour de la pop culture qu’on retrouve aussi chez les 2 Many DJ’s. C’est pourquoi nous nous sommes décidés à travailler ensemble. Nous avons ensuite découvert qu’il était un fan de la première heure. Il en savait limite plus que nous sur notre travail. » Dans Part of the weekend never dies, on apprend notamment que les Klaxons, fers de lance de la Nu Rave  » à l’insu de leur plein gré« , ne s’intéressaient pas à la dance music avant de découvrir les 2 Many. « Ils ont même formé leur groupe après un concert de Soulwax », ajoute David.  » Je n’ai pas envie de prendre conscience de tout ça, embraie Stephen . Erol Alkan est un peu comme notre frère. Xavier de Justice comme notre petit cousin. Tous ces gens sont de la famille. James Murphy (LCD Soundsystem/DFA) est comme nous un obsédé compulsif obnubilé par la musique, les vieux synthés et les bons expressos réalisés avec une machine importée d’Italie. »

Middle finger

Sans manichéisme ni plan de carrière, Radio Soulwax est devenu un état d’esprit, une culture fédératrice, un refuge pour les déçus du dancefloor.  » Grâce aux 2 Many DJ’s, nous avons été invités partout. Avec les Nite Versions, nous avons saisi l’occasion pour associer Soulwax. Faire découvrir des gens pas toujours très connus à l’époque. Sans le savoir, nous avons créé un truc. Un petit monde à nous. Quand nous avons commencé en 2005, nous avons exporté le concept dans des clubs où venaient de jouer Sasha et Erick Morillo. En 2008, chaque boîte, chaque festival a une soirée où on entend les Klaxons, LCD Soundsystem, Justice et Digitalism. » Car les frères Dewaele viennent du rock. De Monster Magnet, Kyuss, Masters of Reality… David sort son majeur.  » Ce n’est pas qu’une question de musique. Nous parlons d’une attitude. Nous jouons avec le middle finger. Que ce soit d’un synthé, d’une batterie ou d’instruments électroniques… Quand nous avons lancé 2 Many, l’époque des DJ’s superstars était révolue. On s’en est rendu compte en tournant. Les promoteurs nous disaient: on a fait venir un tel hier, mais il n’y avait personne. Vous êtes sold-out depuis un mois et on ne sait pas pourquoi . Aujourd’hui, le public décide. L’industrie suit. »

Reste à savoir de quelle vie peut rêver ce genre de documentaire.  » Depuis mai, le film accompagne la tournée Radio Soulwax. Parfois, il est projeté en club mais il arrive aussi que les 500 premières personnes qui achètent un ticket aient l’occasion d’aller le voir dans un cinéma. On nous a proposé une distribution en salles. Mais trop tard. Le DVD était déjà en production… » Ils sont rares les films musicaux à investir les complexes. Le privilège n’est accordé qu’à des Martin Scorsese et des Rolling Stones ( Shine a light).  » Ils ont bossé avec du 35 mm et seize caméras, achève Stephen. Je suis curieux. Par ailleurs, je n’ai pas envie de voir Christina Aguilera. Tu te demandes ce qu’elle fout avec eux sur scène mais Mick Jagger pense qu’elle intéresse les kids. »

www.soulwax.com

DVD/CD: Part of the weekend never dies, chez Pias.

Texte Julien Broquet

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