Soudain dans la nuit

© National

C’est une curiosité qu’exhument les éditions Carlotta avec Soudain dans la nuit, film tourné par le prolifique réalisateur coréen Go Yeong-nam -plus de 100 films à son actif!- au début des années 80. Femme au foyer sans histoire et mère d’une petite fille, Seon-hee a la surprise de voir son mari biologiste revenir un jour d’une de ses expéditions à la recherche de lépidoptères accompagné d’une jeune orpheline qu’il lui propose aussitôt d’engager comme domestique. Farouche, Mo-hi est la fille d’une chamane et ne se sépare jamais d’une mystérieuse poupée en bois que lui a confiée sa mère avant de mourir afin de la protéger du mauvais sort. Sa présence ne tarde pas à inoculer le venin de la jalousie à Seon-hee, persuadée que son mari et la jeune femme entretiennent une liaison, et que des esprits maléfiques se sont emparés de son foyer… S’il reprend là peu ou prou la configuration du classique The Housemaid, réalisé à l’orée des années 60 par Kim Ki-young, Go Yeong-nam lui donne un tour inédit, la paranoïa gagnant Seon-hee ayant le don de lui brouiller les sens, et résultant en des visions qui mêlent fantastique et érotisme, cette histoire d’esprits et de possession culminant dans un final en tous points saisissant. Le tout, porté par une audace formelle affirmée d’entrée, et ayant le don de transformer cette œuvre troublante en expérience esthétique fascinante. Bénéficiant d’une restauration 4K, le film est accompagné d’une passionnante analyse de l’historien du cinéma Antoine Coppola, le resituant notamment dans le contexte politique et social coréen de l’époque, tout en soulignant sa dette au giallo et au cinéma de Dario Argento en particulier.

De Go Yeong-nam. Avec Kim Young-ae, Lee Gi-seon, Yoon Il-bong. 1 h 41. 1981. Éd: Carlotta.

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