Le buzz du moment vient d’Australie. Il est outrageusement pop, coloré et barré. Attention les yeux: l’Empire du Soleil a décidé de s’étendre.

La pop, plus que tout autre genre, a régulièrement besoin de nouveaux super-héros. En 2009, ils s’appellent Empire of the Sun, et n’ont franchement peur de rien. En tout cas pas du ridicule. Le duo basé à Sydney est formé de Nick Littlemore et Luke Steele (déjà remarqué avec The Sleepy Jackson). Avec Walking In A Dream, brillant premier album, ils signent la rencontre entre Fleetwood Mac et David Bowie partis dans des délires space-disco. A la tête de leur « Empire du soleil », les deux zigues sont ainsi bien décidés, sinon à révolutionner la musique, au moins à lui redonner le goût de la flamboyance. Les concerts, par exemple?  » L’idée dans l’absolu, c’est de monter un grand spectacle tous les 10 ans, qu’on jouerait dans des endroits particuliers, comme le pôle Sud par exemple. » On n’est pas certain que Littlemore rigole tout à fait.  » On veut être ambitieux. Il y a déjà assez de choses tièdes dans ce monde.  » En décalage complet avec la dématérialisation de la musique, Empire of the Sun met ainsi le paquet sur le visuel.  » On veut offrir tout un univers qui dépasse la simple musique.  » Paré pour le décollage. Ou plutôt le décodage, en cinq clés, glissées par Nick Littlemore.

Empire of the Sun, Walking In A Dream, EMI.

1 Astre solaire

Il faut pouvoir assumer un nom de groupe. Dans le cas d’Empire of the Sun, c’est un programme en soi. Pour nourrir son univers, le duo assure même avoir voyagé en Chine et au Mexique, pays marqués, comme eux, par une certaine mythologie solaire. « Le soleil est un élément clé. On veut que notre musique garde toujours d’une manière ou d’une autre une dimension solaire, lumineuse. Comme cette toile par exemple de l’expressionniste abstrait Rothko, intitulée Orange and Yellow. Et puis, on peut trouver également dans nos morceaux pas mal de réminiscences des Beach Boys. « 

2 Sweet Seventies

Plus que les années 80, ce sont les seventies qui ont marqué Steele et Littlemore.  » 1975 représente un sommet de la civilisation occidentale. Depuis, on régresse. A l’époque, on pouvait prendre un avion comme le Concorde. Aujourd’hui, il est au musée. Dans la musique aussi, on produisait des disques incroyables, flamboyants et romantiques. Mais un an plus tard, le punk a explosé. Il exprimait également une énergie vitale très importante, mais aussi complètement destructrice, qui a signifié la fin de plein de choses.  »

3 Spiritualité

Un mélange d’ésotérisme fumeux, d’imagerie à la Ron Hubbard, et de New Age vaporeux. Vu d’ici, la mystique d’Empire of the Sun peut faire peur. Presque sans rire, Little- more explique: « On a chacun sa propre spiritualité. Mais au-delà, c’est vrai que j’aime l’idée que l’album propose un sous-texte plus mystique. Comme une sorte de road movie spirituel. Ou mieux encore une route vers l’illumination. « 

4 Kitsch

L’Australie a toujours eu le chic kitsch et un penchant prononcé pour le mauvais goût. Avec ses couleurs criardes et son visuel outrancier, Empire of the Sun fait fort. Il ne faut pourtant y voir aucune posture moqueuse. « Il n’y a aucun second degré dans notre démarche. On est le plus sincère possible, même si c’est difficile à accepter dans un monde où tout est vu d’un point de vue cynique. « 

5 Science-fiction

Le duo avoue une passion pour The Holy Moutain, l’£uvre culte de Alejandro Jodorowsky, sortie en 73. Sorte d’épopée métaphysique, le film avait été en partie financé par John Lennon, mais n’a jamais dépassé le cadre des festivals. On raconte que Jodorowsky a fait suivre à ses acteurs trois mois de préparation avec un guide spirituel. Il leur a également fourni des acides pour tourner certaines scènes. « Les drogues, ce n’est pas notre truc. Personnellement, j’ai arrêté il y a longtemps. Au début, vous pouvez penser que ça libère certaines choses. Mais ce n’est pas vrai. Je crois qu’on est plus fort sans ces corruptions. »

Entretien Laurent Hoebrechts

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