Planche originale – Difficile, millimétrique et ultra réaliste, Skate 2 délaisse le jeu vidéo pop corn pour plus de profondeur. Magnétique malgré quelques accrocs.

édité par Electronic Arts et développé par EA Black Box, âge 16+, disponible sur PlayStation 3 et Xbox 360.

Troquer la série fleuve des Tony Hawk Pro Skater d’Activision contre le Skate d’Electronic Arts, c’est un peu regarder Skate Or Die pour ensuite plonger dans le Paranoid Park de Gus Van Sant. Jusqu’il y a peu sur consoles, glisser en planche à roulettes équivalait à enchaîner, sans se fatiguer, des 1080 irréalistes sous le patronage bienveillant de Tony Hawk. Prenant son public de court avec un parti pris simulation qu’on ne lui soupçonnait pas, Electronic Arts partait à l’exact opposé de cette vision spectaculaire et exagérée de la glisse urbaine il y a un an via Skate. L’éditeur américain, habitué à rentabiliser au maximum ses licences (cf. Fifa), remet le couvert ce mois-ci avec Skate 2. Hot Wheels droit devant!

Déversant paresseusement des artères latino américaines tièdement ensoleillées, New San Vanelona s’offre au joueur comme un nouveau terrain d’expérimentation gorgé de spots en tout genre à débusquer. Le gameplay bac à sable du jeu, façon Grand Theft Auto sied parfaitement à l’exploration de cette cité aussi US qu’européenne, dans sa structure et son architecture. Ici, les gratte-ciels édentés tutoient des petits immeubles aux tuiles croulantes. Le tout sur fond de B.O. à l’éclectisme idoine (Louis XIV, Wu-Tang Clan, Fujiya & Miyagi, RATM, Sly & The Family Stone,…). La réalisation graphique ne sert malheureusement pas techniquement cette vision singulière, malgré une image granuleuse.

Fractures payantes

Entre courses-poursuites, scores acrobatiques et autres franchissements d’obstacles, les défis imposés (pour être, entre autres, filmé et photographié pour des magazines) par Skate 2 pullulent. Mais à l’image de l’art du déplacement et d’autres disciplines street, le skateboard est avant tout affaire de relecture urbaine perso. Raison pour laquelle l’équipe de EA Black Box offre comme nouveauté la possibilité de déplacer une foule d’éléments comme des tremplins, banc, etc… pour créer le parcours idéal et enchaîner les tricks. Une fonctionnalité en pratique laborieuse dans sa maniabilité au joystick et au final pas très utile.

Avec une foule d’autres boutons intervenant entre autres pour attraper sa planche, Skate 2 joue l’exhaustivité tout en plaçant la barre très haut. Trop même. Les gamelles sont donc nombreuses. Avec la malsaine possibilité de diriger le corps du skater lorsqu’il tombe pour maximiser les dégâts corporels et engranger des points. Les fans de Jackass – s’ils existent encore – seront ravis. En attendant, cette frivolité face à l’esprit orthodoxe de Skate jure. Et démontre qu’Electronic Arts a encore bien du mal à se séparer de son aura de jeux vidéo ayant une fâcheuse tendance au nivellement par le bas.

Michi-Hiro Tamaï

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