Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Un perdant magnifique – En accueillant Steve Powers, la galerie Alice fait place à une pointure de la street culture. Tapis rouge pour une icône en version Do It Yourself.

Par Steve Powers, Alice Gallery, 182, rue Antoine Dansaert, à 1000 Bruxelles. Jusqu’au 7/03.A 39 ans, Steve Powers appartient déjà à la légende dorée des arts urbains. S’il débute sa carrière dans sa ville natale, Philadelphia, c’est à New York qu’il explose. Sa signature ESPO – pour Exterior Surface Painting Outreach – orne une septantaine de magasins, du moins le volet métallique servant à les protéger. Un travail qu’il mène méthodiquement et en plein jour dans les quartiers de TriBeCa et de South Bronx. Totalement dans l’illégalité, il ne craint pas de répondre aux curieux qui l’interrogent qu’il travaille justement pour Exterior Surface Painting Outreach… Nom ronflant qui apaise les angoisses. Il faut dire que Powers considère, à juste titre, son travail comme d’utilité publique. Ce, dans la mesure où il s’en prend uniquement à des volets métalliques dégradés qu’il prend soin de repeindre avant de les orner de sa signature. Une façon de laver plus blanc qui lui fera dire qu’en cela il est un pur produit de l’ère Giuliani. Pourtant, avec l’ex-maire de New York, ce n’est pas vraiment une love story. En 1999, Powers est arrêté pour vandalisme à la suite d’une protestation – auquel il participe – contre la fermeture de l’exposition très controversée Sensations au Brooklyn Museum. Un épisode qui se terminera en purgeant une peine de 6 jours de travaux d’intérêts généraux. Un an plus tard, il abandonne le graffiti et poursuit une quête graphique. Celle-ci sera révélée à la face du monde lors de l’exposition Beautiful Losers – et du film éponyme qui s’en suivra – signée par Aaron Rose en 2004.

Post-graffiti

Après avoir été récemment exposé chez Colette – où il présentait entre autres ses imperméables customisés -, Steve Powers débarque chez Alice Gallery avec sept années de travail sous le bras. Sept années qui lui ont été favorables dans la mesure où il présente une nouvelle forme de peinture dans laquelle se mélangent texte et image. Son but est de capter le flux mental, donner une sorte d’instantané de son esprit. L’effet est étonnant. Surtout que cette narrativité d’un nouveau genre est soutenue par une forme et une technique atypique. Powers utilise la plaque emailée à la façon des réclames d’autrefois. Un phénomène qui fait dire au critique Alex Baker qu’il travaille comme un artiste Pop Art à l’envers en ce qu’il refuse de faire corps avec les techniques et les procédés les plus actuels. Une douzaine de tableaux permettent de prendre la mesure de cette nouvelle expressivité. Sans oublier un détour par la case humeur de celui qui dénonce  » la futilité de vouloir changer un monde qui est tout à fait ravi de se détruire à petit feu« .

www.alicebxl.com

Michel Verlinden

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