Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Ce jeune cinéaste italien athée donne une force très contemporaine, entre politique et religion, à sa chronique monacale In memoria di me.

Le réalisateur d’ In memoria di me n’a pas vraiment l’allure d’un séminariste. Le cheveu noir et dru en bataille, la tenue relax aux limites d’un certain débraillé n’indiquent pas non plus quelque penchant pour la soutane ou la bure. Certes, l’habit ne fait pas le moine, mais quand Saverio Costanzo s’enquiert auprès de nous de l’état de la presse communiste en Belgique et en France, on se dit que l’homme ne vote sans doute pas pour la droite chrétienne… Pourtant, un des tout meilleurs films abordant le difficile sujet de la vie monacale, de la foi et du doute, est dû à ce jeune cinéaste italien athée.

C’est un roman qui lui a inspiré l’idée d’ In memoria di me. Signé Furio Monicelli, l’ouvrage a pour cadre un monastère où de jeunes hommes subissent une période d’épreuve par le silence avant de peut-être intégrer les rangs des Jésuites.  » J’ai toujours été intéressé par les situations de huis clos, où des personnes se retrouvent dans un lieu unique où peut se dérouler un psychodrame, appelant aux émotions primales de l’individu« , explique un Costanzo qui a réalisé, entre autres, un documentaire sur un bar de Brooklyn, un autre sur la salle de réanimation des urgences d’un hôpital, et un premier long métrage sur la cohabitation forcée sous le même toit d’une famille palestinienne et de soldats israéliens ( Private).  » Quand j’ai lu le roman qui date des années 60, poursuit le réalisateur, j’ai tout de suite vu quel parti pouvait être tiré du lieu unique (lieu de recherche spirituelle) et des trois personnages principaux qui s’y retrouvent confrontés. »

RELIGION ET POLITIQUE

 » Je n’ai rien à faire de la religion, mais j’observe dans le monde contemporain la montée du fondamentalisme, l’intensification des rapports entre religion et politique, constate-t-il. J’ai modifié largement le récit du livre pour accentuer dans le film ces aspects si importants aujourd’hui. » Pour mettre ses interprètes dans l’ambiance souhaitée, il les a emmenés dans le décor peu banal du film, un ancien monastère situé sur l’île de San Giorgio Maggiore, située juste en face de la Place Saint Marc et du Palais des Doges à Venise, pour s’en imprégner. Il leur a aussi demandé d’accomplir longuement les exercices spirituels (quatre méditations quotidiennes) établis par Saint Ignace de Loyola, le fondateur au XVIe siècle de l’ordre des Jésuites.

« Je n’avais que faire de la réalité anthropologique, je n’ai pas opéré de recherches sur ce que peut être réellement la vie des moines, des novices, conclut Saverio Costanzo. Ce qui m’intéressait c’était le débat, voire le combat, spirituel, dans tout ce qu’il implique dans un monde où les questions de la foi, de l’idéologie, du choix, de la liberté se posent avec une actualité souvent brûlante… »

In memoria di me, sur nos écrans à partir du 14/05. Voir notre critique en page 30.

LOUIS DANVERS

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