Sa majesté Clodomir

 » Je t’assure, Georges, tu seras mieux assis, parce que là, on attaque une histoire de Mérovingiens assez saugrenue. » Quand un personnage secondaire prend de telles pincettes avant de présenter à un autre le sac de noeuds de l’intrigue en cours, impliquant deux familles rivales depuis des siècles et une belle galerie d’hurluberlus hauts en couleur, on peut sans crainte parler de polar foisonnant. Pour son amerrissage en littérature, le journaliste rock et sexagénaire Christian Casoni a opté pour un efficace mélange de noir et de burlesque, d’old school et de sanglant, dans une aventure où l’on ne compte pas moins de deux massacres, sans compter les exécutions sommaires. Son vieux flic réac à la manoeuvre, Maniabosco, fan de Jane Birkin et de c’était-mieux-avant, emprunte autant à Dard qu’à Audiard (père) pour naviguer en ces eaux bien troubles, en quête absurde, comme tout le monde, de  » deux vieilles ferrailles rouillées » -reliques absurdes, inexorablement associées à des bains de sang. Si l’intrigue se déguste, malgré sa complexité, comme petit-lait, c’est sans doute, ici, grâce à un double procédé diablement efficace: des effets d’annonce savamment distillés, couplés à l’adoption du point de vue interne des victimes en leurs derniers instants. Sous son apparente nonchalance, une mécanique précise, et un véritable art du portrait.

De Christian Casoni, éditions Le Mot et le Reste, 472 pages.

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