Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Poids lourd de la scène rap hexagonale, le Parisien sera sur la scène de Couleur Café.

Rohff est rassuré. Six mois après sa sortie, Le code de l’horreur est disque de platine, soit 200 000 albums vendus en France. Une preuve définitive que le bonhomme a bien récupéré sa place: celle de leader de la scène hip hop française.

C’était pas gagné. Notamment dans un genre qui joue en permanence la loi de la concurrence. Avec son cinquième album, Rohff s’est donc présenté plus que jamais comme le gardien de l’orthodoxie. Le tenant d’un rap old school, revendicatif, mais peu, voire pas, politisé. Combatif mais pas bagarreur. Intègre aussi. « Si je rappais pour l’argent, je ferais de la musique calibrée pour NRJ. Ce qui compte, c’est les sentiments que vous faites passer dans votre musique. »

Rohff, alias Housni Mkouboi, est né aux Comores. Arrivé en France vers l’âge de 8 ans, son truc reste le rap américain. A cet égard, Rohff est à mille lieues de jeunes générations qui plongent désormais dans le rap français sans plus passer par la case US. « C’est vrai que je n’écoute pas de rap français. Je reconnais pourtant le talent de certains, mais ce n’est pas une musique qui me parle. J’ai grandi avec du son puissant dans les oreilles, à me coucher avec, à me réveiller avec… Forcément, mes oreilles demandent ce genre de son. »

Bracelet et chaîne en or

Rohff est donc reparti au front. Il a même consenti à jouer un peu plus que d’habitude le jeu de la promo. Pas jusqu’à passer chez Cauet – « des questions bateau entre deux vannes de cul, c’est pas trop mon truc » -, mais en forçant quand même un peu sa nature taciturne. « Malgré moi, il est de mon devoir de parler un peu pour ma musique. C’est encore un combat. «  De fait. La présence médiatique du hip hop n’a que peu de rapport avec son audience. Et est presque toujours abordée du point de vue social. « Le problème, c’est qu’avant de réellement creuser dans nos vérités, il faudrait qu’ils apprécient d’abord notre musique. On a à faire à une presse qui a une opinion figée du rap. Il n’y a pas de place pour la nuance: soit vous êtes un bad boy, soit vous êtes le gentil rappeur consensuel. Il n’y a pas de juste milieu. Ou de circonstances atténuantes. » Lui-même, où se situe-t-il? « Je pense que je suis poète. J’aime jouer avec les images, les mots, leur sens, leur son. En même temps, je sais que je peux être assez caractériel.. . Personne n’est parfait. Donc les jugements, on va les laisser à Dieu ou aux tribunaux (rires). » Il en sait quelque chose, lui qui a été condamné en 2007 à 5 mois de prison ferme pour avoir menacé son frère avec une arme. Il en parle dans le morceau Testament ou dans Rap Game, où il ironise: « Mon seul bling bling, c’est le bracelet électronique. » Celui même qu’on lui avait placé pour lui permettre d’assurer la première partie du rappeur américain 50 Cent, à Bercy…

Aujourd’hui, Rohff apparaît, sinon assagi, en tous les cas plus serein. Le succès aidant sans doute. Dernièrement, son titre Repris de justesse a été intégré dans la bande originale française de Notorious, le biopic consacré à son idole Notorious B.I.G. Une autre forme de consécration…

u Rohff, Le code de l’horreur, EMI. u En concert le 26/06, u à Couleur Café, Bruxelles

Laurent Hoebrechts

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