Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Deux guitares, qui filent à toute berzingue, entre rock et flamenco. Il n’en faut pas plus au duo mexicain pour remplir les salles du monde entier.

Lui a des airs d’officier zapatiste. Elle, fait vaguement penser à Jennifer Charles (Elysian Fields). Ou encore mieux, à une Frida Kahlo qui afficherait un sourire à la Mona Lisa. Bonjour les clichés? Ce sont bien les seuls qu’on se permettra d’accoler au duo mexicain.

Depuis leur apparition sur la scène mondiale, Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero ont tout fait pour les éviter. Début 2008 déboulait leur album éponyme. Le deuxième de leur discographie, mais le premier à bénéficier d’une distribution internationale, se vendant à plus de 600 000 exemplaires. Rock? Folk? Flamenco? Jazz? World? Difficile de classer les acrobaties instrumentales du duo. A défaut de trancher, les concerts auront au moins mis tout le monde d’accord. Deux guitares acoustiques frénétiques: Rodrigo et Gabriela n’ont pas eu besoin de plus pour emballer les différentes audiences devant lesquelles ils se sont produits. Que ce soit par exemple celle de Rock Werchter, du Gent Jazz festival ou de l’Ancienne Belgique, qu’ils rempliront une nouvelle fois le 20 novembre prochain.

Paix intérieure

Sur Rodrigo Y Gabriela, on trouvait notamment des relectures de morceaux de Led Zeppelin ( Stairway To Heaven) et Metallica ( Orion). La démarche n’est pas complètement farfelue. A Mexico, c’est au sein de Tierra Acida, un combo de heavy metal, qu’ils ont fait leurs premières armes. Avec un début de succès qui bientôt leur pèse, au point de décider de larguer les amarres, direction l’Europe. Rodrigo: « Ce fut la fin de ce qui était censé le plus ressembler à une carrière. On a voulu voyager quelques années. Pendant 4 ans, on n’est pas rentré au Mexique. On était des « hippies », on ne prévoyait absolument pas de sortir un album, de resigner un deal, ou quoi que ce soit… » C’était en 99, avec Dublin comme premier lieu d’atterrissage. Symbolique: pour se payer le billet d’avion, le duo a dû revendre ses guitares électriques. Depuis, ils ne les ont toujours pas retrouvées… Gabriela: « On ne veut rien rejeter, mais aujourd’hui cela n’est pas nécessaire. Le but reste de produire un son à partir de deux guitares acoustiques. Ce qui implique pas mal de choses, en termes de percussions, d’harmonie… »

Sur leur dernier album, 11: 11, le duo rend hommage à une série de musiciens plus ou moins connus: de Paco de Lucia à Di Meola en passant par Hendrix mais aussi le Trio Joubran, formation palestinienne centrée sur l’oud, ou le duo Strunz & Farah. Egalement cité, le pianiste de jazz Michel Camilo. Mais c’est bien un des seuls non guitaristes de la liste. Car la six cordes reste toujours leur première obsession. Gabriela: « La guitare, c’est comme le football, vous pouvez en jouer partout. C’est un instrument très accessible, sur lequel vous pouvez jouer une chanson de deux accords ou quelque chose de plus complexe… Quand j’étais jeune, c’était une porte de sortie, une échappatoire. Presque comme une religion. » Pas étonnant de voir Rodrigo abonder dans le même sens: « Jouer de la guitare tient de la méditation. Cela vous permet de vous retrouver, d’être plus conscient de vous-même. C’est une porte, une connexion. Comme peindre, la pratique peut vous amener une paix intérieure. Pour moi, la guitare est une partie fondamentale de ma vie. »

u Rodrigo y Gabriela, 11: 11, chez Pias. En concert (complet), le 20/11,

à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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