Emmenés par une forte personnalité, Ricky Wilson, les Kaiser Chiefs sortent leur troisième album en trois ans. Follow the leader…

Londres. Début septembre. Alors qu’on écoute le nouveau Kaiser Chiefs dans les bureaux de sa firme de disques Universal, Ricky Wilson s’approche de la porte vitrée. Fait mine de tendre l’oreille, curieux, se reconnaît, puis pointe les deux pouces dans sa direction et sourit, fier de son petit effet. Le mec de Leeds a l’air remonté. Il tient en fait une belle gueule de bois.  » Je devais participer hier à une remise de prix et à vrai dire, je ne me souviens pas de grand-chose, avoue-t-il, les yeux rougis et la bouche pâteuse. Je ne sais pas ce que j’ai fait. Ni comment je suis rentré chez moi. Je me suis réveillé avec quelques bleus ce matin. Heureusement, j’étais tout seul dans mon lit. »

Si le mec de Leeds a le sens de la fête, il l’aime imbibée. Une semaine après les faits, il aura pris ses renseignements. « Je suis tombé de voiture alors que je faisais la fiesta avec les Mighty Boosh (Ndlr: un duo de comiques british) . Ils ont une mauvaise influence sur moi. » On imagine aussi facilement le contraire. Ricky Wilson en mauvaise conscience, en roi du plan foireux. En attendant, il fait partie de ces chanteurs excités, enflammés qui assurent le spectacle, communient avec leur public. Une des explications au succès des Kaiser Chiefs.  » Je suis un gros consommateur de concerts. J’ai commencé, adolescent, vers l’âge de 16 ans, à écumer les salles de concerts, se souvient-il. J’ai rapidement affiché une moyenne d’au moins un gig par semaine. Les Underage Parties (Ndlr: concerts réservés aux mineurs) n’existaient pas encore à l’époque, mais il était nettement plus facile pour un ado de se faufiler discrètement. La Britpop venait d’exploser. Si tu étais coiffé d’une certaine façon, habillé d’un certain type de veste, tu appartenais à un gang. Personne ne t’emmerdait. Non, je ne vous enverrai pas de photo. »

Quoi qu’il en soit, Wilson en a vu défiler des groupes et des chanteurs.  » Je n’ai jamais aimé les mecs qui jouent froidement, espérant que tu aimeras leur musique. Tout est une question de charisme. Je ne pense pas nécessairement qu’il faille sauter dans tous les coins ou se jeter dans le public pour assurer. Il a beau nous incendier (Ndlr: et les qualifier de mauvais Blur), Liam Gallagher est un de mes frontmen préférés. J’avais un poster de lui dans ma chambre. Il était le mec le plus cool du monde. Il était le leader. Avec une incroyable attitude. Qu’il a toujours même s’il peut se transformer en sacré connard. »

Un EP devenu album

Ricky n’est pas du genre aigri. Il ne le sera probablement jamais. Quand il évoque la nouvelle génération, c’est donc aussi en termes élogieux.  » Il ne se passe peut-être pas grand-chose pendant les concerts des Strokes mais je les trouve captivants. Les Libertines? Ils avaient le chaos. Le plus important, c’est de ne pas faire semblant. » Et pour ça, vous pouvez faire confiance au blondinet. Il croit plus que quiconque en ce qu’il fait.  » Mon énergie vient de Kaiser Chiefs. Kaiser Chiefs est mon groupe préféré au monde. » Après Employment, ses Oh My God et I Predict a riot, après Yours Truly, Angry Mob et son rubis Ruby (Ruby), le groupe au nom de club de foot sud-africain pensait sortir un EP. Il a trouvé l’inspiration et l’envie d’enregistrer tout un album.  » La plupart de nos chansons parlent de sortir. Que ce soit pour aller voir un groupe ou juste essayer de nouvelles choses. Tu ne peux pas découvrir sans sortir de chez toi, sans être curieux. Le meilleur élève de la classe a toujours sa tête dans les bouquins mais personne ne sait où ça le mènera. »

Ricky a la sienne dans les étoiles et veut décrocher la lune. Kaiser Chiefs s’est déjà fait une place au soleil.

Ricky Wilson (à gauche), toujours prêt à faire la fête avec son groupe

Texte Julien Broquet, à Londres

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