De prime abord, voilà qui ressemble au CV type d’un réalisateur britannique: passage par la BBC, détours optionnels par la publicité, et productions en alternance pour la télévision et le cinéma. Parcours fléché, auquel Richard Loncraine ajoute toutefois une touche joliment insolite: cet ancien étudiant en sculpture, aujourd’hui entré dans la soixantaine, n’est pas peu ravi de l’effet produit lorsqu’il vous apprend avoir inventé, dans les années 70, la version en chrome des petits modules baptisés « Newton’s Cradle », et qui, alignant 5 billes de métal suspendues à un cadre, illustraient une loi du mouvement associant à chaque action une réaction. « On en voit dans tous les mauvais films, le directeur en a toujours un sur son bureau », observe-t-il dans un sourire.

Touche-à-tout autoproclamé, Loncraine a cultivé sa polyvalence sur les plateaux de cinéma. Entamée au c£ur des années 70, sa filmographie l’a vu s’essayer aux genres les plus divers, avec un certain succès: on n’a pas oublié, par exemple, sa formidable adaptation contemporaine de Richard III, avec un magistral Ian McKellen dans le rôle titre. Ni, dans un tout autre registre, le romantisme de Wimbledon, où il réunissait Kirsten Dunst et Paul Bettany.

My One and Only le voit aujourd’hui se lancer dans un film d’époque – les fifties – en forme de road movie doublé d’une comédie subtile: « le mérite en revient au scénariste Charlie Peters », assure-t-il, modeste. Ce film, Loncraine s’est employé pendant 10 ans à le monter: « Tout le monde aimait le scénario, mais personne ne voulait le financer. En cause, le fait que le film soit porté par un personnage féminin. Pour une raison que j’ignore, cela demeure un frein au financement. » Le destin d’Anne Deveraux ne manque pourtant pas de piment qui, lasse des aventures d’un mari volage, se lance, flanquée de ses deux fils, dans une remontée des Etats-Unis à la recherche d’un meilleur parti, en une épopée à la fois vintage, glamour et sensible. Il faudra l’accord de Renée Zellweger pour débloquer les choses, sans que toutes les incertitudes s’en trouvent dissipées pour autant – « le tout était de ne rien en laisser paraître. »

A l’arrivée, il émane de My One and Only un sentiment qui évoque l’allégresse. Une question de ton et de regard, celui, bienveillant, posé par Richard Loncraine sur ses acteurs notamment: « Je suppose que je tombe amoureux d’eux, cela me paraît nécessaire. Mais il n’y a pas de règle absolue. » Paroles empreintes de ce pragmatisme qui semble guider sa démarche: « Réaliser des films est formidable, mais si je devais ne plus pouvoir en faire, il me resterait beaucoup à apprendre. Il y a encore tant de choses dont je ne sais rien. » Et tant d’autres à inventer…

My One and Only, sortie le 19/08.Voir la critique du film en page 26.

J.F. PL.

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