Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

ESPACE D’EXPOSITION ATYPIQUE INAUGURÉ EN 2012, BLANK PREND LE TEMPS D’UN PREMIER BILAN EN CONVIANT LE TRAVAIL DE CINQ ARTISTES AUX HORIZONS DIFFÉRENTS.

Mélanges

9, RUE DE LA RÉGENCE, À 1000 BRUXELLES. JUSQU’AU 30/09.

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Un coup d’oeil dans le rétroviseur -qui a ici des allures de télescope parti à la recherche du temps dans les profondeurs de l’espace-, voilà ce que propose Blank jusqu’à la fin du mois de septembre. A l’heure où la soif de nouveauté emporte tout sur son passage, ce retour en images sur les cinq premières expositions du lieu a quelque chose de salutaire. « A-t-on bien mesuré l’enjeu de tout ce que l’on a vu? », voilà peut-être l’une des questions fondamentales de l’Histoire de l’art qui est ici posée avec beaucoup d’acuité. Comme un saumon qui remonte la rivière, la galerie revient sur sa programmation antérieure inaugurée en mai de l’année dernière. Cette route du retour, elle l’accomplit à travers le travail d’artistes dont l’oeuvre s’accommode mal des étiquettes: Stephan Laplanche, Ralph Cleeremans, Clemens Schülgen, Arié Mandelbaum et Koor Koor. Pour mieux comprendre, il faut revenir un instant sur le concept particulier de cet espace dédié à l’art et à la couleur qu’est Blank, qui n’est jamais tout à fait le même d’une exposition à l’autre. Un lieu qu’on doit à Christine Degraeve, qui se définit comme une coloriste qui « délaisse les surfaces pour les volumes« . A chaque évènement, la galeriste imagine un nouvel environnement chromatique dialoguant avec les oeuvres exposées.

Epiphanie

La rétrospective consacrée à la série Mélanges s’affiche toutefois différente. Pour créer l’unité, un même fond de couleur recouvre l’ensemble des murs de l’accrochage; qui laissent place à deux oeuvres -dont une inédite- pour chaque artiste exposé. On aime tout particulièrement les rencontres provoquées par Christine Degraeve. Charles Koor Koor, pionnier new-yorkais du graffiti, s’y entretient par exemple avec les vertiges imbriqués du Gantois Ralph Cleeremans. Rien à voir? Pas si sûr. L’oeil tombe ensuite en arrêt sur le travail photographique de Schülgen. Dans son objectif, le patrimoine post-industriel, qu’il a photographié avec beaucoup de rigueur. En noir et blanc, une enclume se dresse comme un monolithe expressionniste, symbole non pas d’un univers à venir, mais bien d’un monde englouti peuplé de soldats de la matière en sueur… Juste à côté se tient un paysage sous la neige qui n’est pas à comprendre comme le second terme d’une opposition facile entre « culture » d’une part et « nature » de l’autre: les deux images possèdent la même ambiguïté, le même mélange entre douceur et violence. Enfin, on prend congé, non sans avoir tiré son chapeau au minimalisme intermittent des toiles d’Arié Mandelbaum. Celles-ci clignotent entre tendresse et cruauté, absence et présence, cri et silence. Un silence qui résonne encore longtemps en soi après une intense communion contemplative.

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MICHEL VERLINDEN

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