Resavoir

« International Anthem »

Placer cet album en « orchestral » est déjà une approximation, puisque deux de ses plages sont chantées et que le principe même de Resavoir -ce nom…- est de traverser genres, humeurs et textures. Pour dénouer cette pelote de laine, disons que le fil/leader de ce collectif de 18 membres, le trompettiste Will Miller (de Chicago), mène initialement une carrière plutôt labellisée jazz. Plaçant aussi ses talents d’arrangeur/producteur/instrumentiste (blanc) dans l’actuelle scène hip hop américaine. De Lil Wayne à l’ex-taulard A$AP Rocky. Will est un Le Corbusier sonique, architecte imaginant de nouveaux habitats pour la musique. Dans la plage baptisée du nom du groupe, Resavoir, il en fait une opération flûte, saxes et mouettes. Dans la suivante, Talking Flight, on décolle sur la piste Alice Coltrane avec une harpe qui évoque la cousine kora. L’un des moments orchestraux le plus bluffants s’appelle Plantasy, où, dans l’espace d’un même morceau, le passage chromatique d’un jazz quasi funky se conjugue aux plaisirs romantiques d’une imaginaire salle de bal du Titanic avant la plongée. La narration de Miller s’inscrit dans un très vaste champ lexical qui rencontre son plaisir zénithal sur Escalator. L’un des deux moments chantés (ou ici plutôt « rappés »), par Sen Morimoto, le spoken word passé aux cuivres chauds se transformant peu à peu en raga indien éclaté. Avec une maîtrise d’arrangements et de production qui séduit autant qu’elle impressionne. Le motus de ce disque bien aventureux.

Orchestral Distribué par V2 Records.

8

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