Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.20 LA UNE

PRéSENTé PAR BRUNO CLéMENT.

Faut-il interdire le port du voile à l’école? Le débat est toujours en cours en Communauté française, alors qu’il est clos en Flandre – qui a dit non au foulard. Question délicate que celle-ci, et qui embarrasse ô combien nos politiques. Puisqu’à l’instar du dossier de la régularisation des sans-papiers, il n’existe pas de solution idéale, et que toute réponse aura automatiquement pour effet de mécontenter une frange significative de la population – et d’éroder un électorat potentiel. Le premier sujet proposé ce soir par le magazine d’investigation de la RTBF démontre toutefois qu’il est plus que temps d’arrêter une position claire concernant l’immixtion du religieux dans le milieu scolaire. Pascale Bourgaux et Carol Gilet ont planté leur caméra dans l’école primaire islamique Al-Ghazali de Bruxelles – où des fillettes de 7 ans portent le voile -, et à Verviers, dans les classes de l’unique école secondaire de la Communauté française de la région à accepter des élèves voilées en ses murs, l’Athénée Royal Verdi de Verviers. Il y a 13 ans, 2 élèves seulement portaient le foulard. Elles sont une cinquantaine aujourd’hui, sur 850 étudiants. Problème: certaines ont adopté le foulard après avoir intégré l’école, cédant à la pression de leurs congénères. « Et une seule fille contrainte, c’est déjà trop », estime une responsable.

L’ART DE LA DéBROUILLE

Les filles non-voilées interrogées estiment par ailleurs être de mauvaises musulmanes. C’est également l’opinion du professeur de religion islamique de l’école, qui tient un discours radical qui instille un malaise d’autant plus grand qu’il s’oppose à celui d’autres enseignants de l’établissement – notamment sur des questions d’éducation sexuelle. Entre les parents qui interdisent la piscine à leurs filles (et qui obtiennent des certificats médicaux de complaisance), qui exigent une cantine hallal, et ceux qui les privent de sorties scolaires (par peur d’une trop grande promiscuité avec les garçons), l’athénée se dépatouille comme elle peut. Et Marie-Dominique Simonet, ministre en charge de l’enseignement secondaire, ne lui prête pas main forte en éludant la question avec des appels très théoriques au dialogue.

L’émission de ce soir, qui abordera également le prix de l’émancipation des femmes musulmanes, démontre qu’il y a urgence à trouver un cadre – quel qu’il soit – dans lequel inscrire les signes religieux ostentatoires à l’école. Le laisser à la seule responsabilité des établissements, c’est… se voiler la face sur leur marge de man£uvre.

Myriam Leroy

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