Voir des films de plus en plus grands sur des écrans de plus en plus petits! La demande explose dans les cours de récré. Révolution?

« Petit, petit, petit… Tout est mini dans notre vie. » Jacques Dutronc le chantait déjà, sur des paroles de son complice Lanzmann, voici une bonne quarantaine d’années. Le tube au riff de guitare assassin et aux calembours culturels obliques ( » Il est mini, Docteur Schweitzer« ) nous revient en mémoire lorsque nous voyons quelque jeune possesseur de GSM, de PSP ou d’iPod suivre un film ou un extrait de film sur l’écran riquiqui de son précieux engin. Dans les cours de récré, on se passe désormais bandes-annonces, épisodes de séries populaires et même parfois films entiers à l’ombre d’un préau, ou au besoin d’un blouson transformant un coin d’école en (très petite) salle (pas très) obscure.

PRISON BREAK à LA RéCRé

Initialement réservé aux très court format des clips saisis au vol et autres délires potaches fourmillant sur YouTube ou Dailymotion, ce mode de consommation des images s’ouvre aujourd’hui logiquement – et progrès de la technologie aidant – à la fiction cinématographique et télévisuelle. Sur les forums de discussions, au fil des blogs aussi, on voit fleurir des échanges sur la meilleure – la moins pire – manière de télécharger, de convertir, de visionner, le nouveau Tim Burton ou le Prison Break de la veille. Chose rassurante, nombre d’avis stigmatisent la qualité réduite de pareil spectacle, l’absurdité de s’y abîmer les yeux. Plus appréciés sont les lecteurs DVD de voiture qui permettent aux jeunes passagers de l’arrière de se repasser Ratatouille pendant que papa ou maman conduit. Ce type d’objet et de divertissement se trouve aussi fort prisé des chauffeurs routiers, avec des conséquences parfois nettement moins anodines.

DANS LE CREUX DE LA MAIN

Bref, d’une manière ou d’une autre, le mini s’impose simultanément à la progression en taille des écrans de salon Plasma ou LCD. Pareille tendance, aussi paradoxale que possible, pourra-t-elle rester sans conséquence sur la manière de voir des nouvelles générations? Notre rapport à l’image passe par le respect qu’on lui porte. Jean-Luc Godard, qui a toujours eu le sens de la formule, faisait remarquer que  » si on lève les yeux vers l’écran d’une salle de cinéma, on les baisse sur celui de la télévision« . Que dire dès lors d’images que l’ont peut tenir littéralement dans le creux de la main? Que reste-t-il à la vision de 2001 Odyssée de l’espace ou de Mission: Impossible sur une surface de 9,5 cm sur 5 cm (celui d’une PSP, bien plus grand que ceux d’un GSM ou d’un iPod)? Plus qu’une question de format, c’est une question de culture qui se trouve posée là…

DE LOUIS DANVERS

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