LÉGENDE VIVANTE DU CINÉMA ANGLAIS, HELEN MIRREN CAMPE UN ANCIEN AGENT DU MOSSAD DANS LE THRILLER THE DEBT.

Elle a joué les maîtresses de maison dans le Gosford Park de Robert Altman mais en Grande-Bretagne, elle est à la fois la reine des comédiennes et la comédienne des reines. Helen Mirren a commencé au théâtre dans la peau de Cléopâtre, reçu le prix d’interprétation à Cannes pour son rôle de la Reine Charlotte dans La Folie du roi Georges (1994) et l’Oscar de la meilleure actrice sous la couronne d’Elizabeth II dans The Queen de Stephen Frears (2006). Elle a même, pour l’anecdote, prêté sa voix à sa majesté dans Le Prince d’Egypte.

Elle a beau clamer que jouer,  » c’est affirmer être quelqu’un qu’on n’est pas« , Helen Mirren était quelque part taillée sur mesure pour ces nombreux flirts avec les familles royales. Petite-fille d’un aristocrate tsariste que la révolution russe bloque à Londres où il négocie un contrat d’armement pour la Première Guerre mondiale, où sa femme et son fils finiront par le rejoindre, Ilyena Lydia Vasilievna Mironov naît dans le quartier londonien de Chiswick le 26 juillet 1945. Sortie d’un institut catholique pour jeunes femmes -issue d’une famille aisée, sa mère est la fille du boucher officiel de la reine Victoria-, elle entame sa carrière sur les planches à 18 ans grâce au National Youth Theatre. Rapidement, elle se distingue à la scène comme au petit écran dans l’interprétation d’£uvres shakespeariennes et intègre la Royal Shakespeare Company.

Sexy at 60

Apparue pour la première fois au cinéma en 1969, Helen Mirren s’est vu proposer une diversité de rôles et de films dont toutes les comédiennes rêvent. Fée Morgane dans Excalibur, cosmonaute russe dans 2010, elle est une veuve irlandaise dans Cal, qui lui vaut un premier prix d’interprétation à Cannes en 1984 et fait décoller sa carrière.

 » Il n’est pas facile de vieillir dans ce métier qu’on soit un homme ou une femme. Mais si on parvient à tenir le coup jusqu’à 40 ou 50 ans, tout devient un peu plus évident, dresse celle qu’on dit sexy at 60. Un nombre effrayant de comédiens ont lâché prise. Pour la simple et bonne raison qu’il n’y avait pas assez de boulot. Si je suis encore comédienne aujourd’hui, c’est parce que durant toute ma carrière je suis régulièrement retournée au théâtre.  »

Ce théâtre qui fait vivre les comédiens quand le cinéma les boude. Leur permet de se réinventer et de ne pas se laisser emprisonner,  » ce qui arrive plus rapidement qu’on le croit quand un acteur a du succès » .

Helen Mirren, qui ne veut plus parler de Caligula, le fameux drame érotico-historique censé dénoncer les excès de l’empereur, entre violence extrême et débauche, préfère l’ouvrir quand il faut.

 » Malgré le respect que je dois à toutes les femmes talentueuses et auréolées de succès dans cette salle, il n’y a pas grand-chose qui a changé dans la vision d’Hollywood, qui continue de se prosterner devant les hommes de 18 à 25 ans et leurs pénis. Assez petits j’imagine« , lâchait-elle fin 2010 lors d’un gala consacré aux 100 femmes les plus puissantes de l’industrie du spectacle.

Marianne Faithfull du ciné anglais

En 1995, Helen Mirren avait déjà joué sous les ordres de John Madden dans un téléfilm adapté de la série britannique Suspect n°1 dont elle était l’héroïne. Elle le retrouve aujourd’hui dans The Debt, en ancien agent du Mossad rattrapé par son passé. Un personnage interprété jeune par Jessica Chastain.  » C’est un fameux défi de trouver 2 femmes qui puissent en avoir été une seule. Surtout quand l’une d’elles a mon âge« , glisse-t-elle, malicieuse.

Ce long métrage, la Marianne Faithfull du ciné british le décrit comme un film à suspense avec un fond sérieux et des thèmes sur lesquels on peut franchement réfléchir.  » Mon travail a surtout été de me souvenir de l’impact émotionnel de l’holocauste. Les efforts qu’ont consentis les Juifs pour traquer les nazis, docteurs et autres, sont importants dans le processus de reconstruction. Il faut se souvenir donc. Mais aussi, ensuite, pouvoir trouver une certaine forme de résolution.  »

A 66 ans, Helen Mirren vit encore à du 200 à l’heure. Tous les projets sur lesquels elle a bossé ces 2 dernières années vont maintenant s’enchaîner dans les salles de cinéma.  » Ces derniers temps, je terminais un film, je prenais 3 jours pour rentrer sur Londres, vider mes valises, les remplir et partir sur le tournage suivant« , avoue-t-elle.

La prochaine fois que vous la verrez, ce sera peut-être dans le 3e volet des aventures de Benjamin Gates ou en nourrice très terre-à-terre d’un jeune milliardaire loufoque dans une comédie de Jason Winer. On peut pardonner beaucoup de choses à certains acteurs… l

RENCONTRE JULIEN BROQUET, À LONDRES

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