Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Vents contraires – Pourvoyeuse de one-shots de qualité, la collection Long Courrier de Dargaud s’enrichit d’un album qui fait de la dualité sa marque de fabrique.

De Laurent Galandon et Cyril Bonin, éditions Dargaud.

Ayant pour cadre une région minière du Nord de la France au début du 20e siècle, l’histoire de Quand souffle le vent joue sur la confrontation de deux univers. L’un mouvant, déraciné, celui des tsiganes. L’autre sédentaire, ancré dans les tréfonds de la terre, celui des mineurs, des gueules noires qui voient d’un mauvais £il l’arrivée de roms dans leur village.  » Ce sont deux univers qui se mettent en valeur par un effet de miroir, explique le dessinateur Cyril Bonin. Deux univers très différents, mais qui ont un point commun important: la solidarité communautaire. »

Parias universels, les romanichels sont parqués bien loin du bourg, sur le terrain d’un ancien cimetière désaffecté. Pour les caciques du coin, la crainte de l’étranger doublée de la peur du monde surnaturel doivent empêcher toute relation entre les gens du voyage et ceux du patelin. C’est que, confrontés à la grogne des mineurs qui rechignent à poursuivre le travail dans des conditions de sécurité insuffisantes, les notables espèrent transformer les tsiganes en jaunes. Des briseurs de grèves potentiels dont la seule présence doit annihiler toute velléité de rébellion dans le chef des travailleurs. Il est donc important qu’aucun contact ne s’établisse entre les deux communautés. C’est compté sans l’amour. Gitane aux yeux ensorceleurs, Kheshalia fait chavirer le c£ur d’Antoine, un jeune porion qui rêve de quitter le pays des corons. Las, à la méfiance traditionnelle vient s’ajouter un lourd passé, une tragique histoire qui s’est déroulée une quinzaine d’années auparavant. Et quand les mêmes personnes à l’origine d’une blessure mal cicatrisée réapparaissent, les souvenirs rouvrent inévitablement la plaie.

ouverture…

 » C’est vrai, en progressant dans l’album on aperçoit une lueur d’espoir et puis tout s’écroule. Mais je ne vois pas comment cet album pourrait se terminer autrement. On progresse dans deux univers qui ne peuvent pas se rencontrer, c’est une évidence. Et puis, sérieusement, que ce soit dans une BD, un roman ou un film, une histoire qui finit bien est une histoire qui finit trop tôt. Si on la laisse se poursuivre, elle finira toujours par capoter« , sourit Cyril Bonin.

 » Même s’il la trouve dure et inéluctable, je pense que le lecteur possède tous les éléments pour comprendre notre conclusion, poursuit le scénariste Laurent Galandon. J’aime bien quand le récit ne répond pas à toutes les questions. Le lecteur doit trouver ses propres réponses en se replongeant dans l’album. Il doit chercher les détails qui lui permettront de se faire une opinion sur le comportement des personnages. En tant que lecteur, j’apprécie ce genre de fin totalement ouverte à l’interprétation. J’espère qu’il en sera de même pour les personnes qui ouvriront notre album. »

Vincent Genot

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