Si, au nom d’une logique plus commerciale qu’artistique, les remakes et autres reboots sont désormais monnaie courante, il est plus rare mais pas inédit de voir deux films traitant d’un même sujet sortir à quelques mois d’intervalle. Le binôme Marguerite-Florence Foster Jenkins, s’emparant l’un et l’autre du destin d’une mondaine aspirante cantatrice ayant défrayé la chronique new-yorkaise dans les années 30 et 40,a toutefois connu divers précédents.

L’un des plus fameux concernait d’ailleurs déjà Stephen Frears qui, en 1988, sortait son adaptation des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, devançant de quelques mois le Valmont de Milos Forman, nourri à même source. Au milieu des années 90, c’est la geste de Wyatt Earp et Doc Holliday qui connaît à son tour une double déclinaison à l’écran, la première, sous le nom de Tombstone, réalisé en 1993 par George P. Cosmatos avec Kurt Russell et Val Kilmer dans les rôles principaux; la seconde, sobrement intitulée Wyatt Earp, réunissant un an plus tard Kevin Costner et Dennis Quaid devant la caméra de Lawrence Kasdan. Autres exemples de « doublons »: Dante’s Peak de Roger Donaldsonet Volcano de Mick Jackson, remettant de concert les éruptions volcaniques au goût du jour de 1997. Ou encore, Antz d’Eric Darnell et Tim Johnson et A Bug’s Life de John Lasseter et Andrew Stanton, mettant le pied dans la fourmilière douze mois plus tard, et cristallisant la rivalité entre les studios d’animation Dreamworks et Pixar. Sans même parler, ces dernières années, de l’affrontement stérile entre Guerre des boutons (Yann Samuell) et Nouvelle guerre des boutons (Christophe Barratier), aussi dispensables l’une que l’autre, mais aussi des relectures concurrentes de Blanche-Neige, du fait de Tarsem Singh (Mirror Mirror) et de Rupert Sanders (Snow White and the Huntsman), auxquelles on pourrait d’ailleurs rajouter le formidable Blancanieves de Pablo Berger.

Ce dernier exemple est là pour souligner qu’en la matière, c’est la licence artistique qui fait la différence. Postulat déjà à l’oeuvre quand, au début des années 2000, Laurent Cantet et Nicole Garcia revisitaient tour à tour l’affaire Romand pour signer deux films aussi différents que L’Emploi du temps et L’Adversaire. Et que l’on a pu vérifier par la suite quand Coco Chanel fut l’objet de deux biopics aux points de vue distincts (Coco avant Chanel d’Anne Fontaine et Coco Chanel & Igor Stravinsky de Jan Kounen), bientôt imitée en cela par Yves Saint Laurent, au scolaire Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert répondant le lysergique Saint Laurent de Bertrand Bonello. Les deux font la paire, en somme, ce que ne démentiront ni Xavier Giannoli, ni Stephen Frears, dont la Marguerite et la Florence Foster Jenkins se révèlent, en définitive, complémentaires…

J.F. PL.

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