Le film n’est pas encore sorti que, déjà, le blouson en cuir frappé d’un scorpion qu’arbore Ryan Gosling dans Drive semble bien parti pour figurer en bonne place parmi les fringues emblématiques du cinéma -l’équivalent du cuir de Brando évoluant au sein du Black Rebel Motorcycle Club dans The Wild One; celui encore de la veste en peau de serpent que revêtait Nicolas Cage dans Wild at Heart. C’est que si l’habit ne fait pas le moine, il taille par contre les stars, ce que le cinéma a d’ailleurs très vite compris -que serait Charlot sans son costume élimé, ou encore Dracula sans sa cape?

Au fil du temps, le 7e art a ainsi composé son défilé, suivant ou faisant les modes selon l’inspiration du moment, et se la jouant voyous chics comme les Droogs de Orange mécanique et leurs costumes blancs immaculés, rebelles avec ou sans cause, en un motif décliné du film de Nicholas Ray (Dean et son blouson rouge) à Easy Rider (qui multipliait les options, franges pour Hopper, cuir encore pour Fonda); de Fight Club (la veste rouge trois-quarts de Brad Pitt) à Loulou (Depardieu en profil perfecto), et tant d’autres postures encore. Que seraient les privés fatigués façon Bogart et Mitchum, et jusqu’au Clouseau de La Panthère rose, sans leur inamovible imper mastic, les truands d’Il était une fois dans l’Ouest sans leurs gabardines, ou encore le De Niro de Taxi Driver délesté du treillis militaire qui complétait à merveille sa coupe Mohawk?

La liste est infinie, ou peu s’en faut, qui impose encore le cardigan élégant façon Audrey Hepburn, la veste à paillettes manière Travolta, la doudoune sur veste en jeans à la mode Michael J. Fox, le modèle baroudeur façon Indiana Jones, le poncho de l’homme sans nom et même la peau d’âne de Catherine Deneuve. Pas étonnant, dans ces conditions, que lorsqu’il se trouvera, dans L’homme au complet blanc, un individu -impayable Alec Guinness- pour inventer un tissu inusable et insalissable, industrie textile et scénario feront cause commune pour l’empêcher de nuire: entre l’art de l’image et celui de la sape, c’est mieux encore que du prêt-à-porter, du cousu main…

J.F. PL.

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