INNOCENCE COUPABLE – PORTÉS PAR DES ACTEURS D’EXCEPTION, 2 FILMS PRENNENT À BRAS LE CORPS L’ACTUALITÉ JUDICIAIRE FRANÇAISE RÉCENTE, REVENANT SUR LES AFFAIRES D’OUTREAU ET RADDAD. FORT.

DE VINCENT GARENQ. AVEC PHILIPPE TORRETON, RAPHAËL FERRET, NOÉMIE LVOVSKY. 1 H 41. SORTIE: 14/09.(1) –

DE ROSCHDY ZEM. AVEC SAMI BOUAJILA, DENIS PODALYDÈS, MAURICE BÉNICHOU. 1 H 25. SORTIE: 14/09.(2)

Coïncidence curieuse: alors que le cinéma français ne s’aventure que rarement en semblable terrain, voilà que sortent simultanément sur nos écrans 2 films s’en allant remuer l’histoire judiciaire récente, à travers 2 affaires qui furent autant de fiascos retentissants, découlant de dysfonctionnements criants. Réalisé par Vincent Garenq, Présumé coupable rouvre ainsi le dossier de l’affaire d’Outreau, lorsque, au début des années 2000, des innocents avaient été condamnés pour des faits de pédophilie qu’ils n’avaient pas commis, sous le double coup d’accusations fantaisistes et du zèle orienté d’un juge d’instruction guère taillé pour la fonction; un jugement que devait casser la justice quelques années plus tard. Quant à Omar m’a tuer, le second long métrage de Roschdy Zem, il revient sur un fait divers qui avait défrayé la chronique des années 90, à savoir l’assassinat inexpliqué, à Mougins, dans les Alpes-Maritimes, de Ghislaine Marchal. Un meurtre dont Omar Raddad, le jardinier maghrébin analphabète de la victime, apparaissait comme le coupable idéal, en dépit d’invraisemblances et impossibilités matérielles dont la justice n’allait pas faire grand cas. Une affaire à l’issue en suspens, d’ailleurs: gracié après de trop longues années d’incarcération, Raddad attend toujours sa réhabilitation…

Trajectoires humaines

Prenant leur sujet à bras le corps, Garenq et Zem optent pour des approches voisines, s’attelant l’un et l’autre à des trajectoires humaines brisées. Soit, s’agissant d’Outreau, celle du huissier Alain Marécaux, l’un des accusés dont les mémoires ont inspiré le film, et qu’interprète puissamment Philippe Torreton. Et dans le second cas, celle d’Omar Raddad, dont Sami Bouajila restitue la vérité dans ses moindres nuances, en regard de l’enquête indépendante que décide de mener un écrivain à propos de l’affaire.

L’un en mode plus démonstratif, l’autre en mode plus intériorisé, les 2 comédiens appellent les mêmes éloges, réussissant à donner chair et âme à des films à la mise en scène relativement atone -comme si la force de leur propos et de leurs interprètes se suffisait à elle-même. Ce qui n’est pas tout à fait faux, d’ailleurs, tant il y a là, au-delà de l’indignation justifiée, matière à une utile prise de conscience, et à un non moins nécessaire questionnement. D’Outreau à Mougins, c’est comme si Kafka s’invitait dans notre quotidien, effets dévastateurs à la clé… l

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JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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