Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

L’habit et le moine – Exposition triple pour la Galerie Les Filles du Calvaire qui confirme tout le bien qu’on en pense. Zoom sur le photographe français Charles Fréger.

Par Charles Fréger, à la Galerie Les Filles du Calvaire, 20, boulevard Barthélémy, à 1000 Bruxelles. Du 24/09 au 15/11.Quel lien unit l’uniforme à la personne qui se cache dessous? En d’autres termes, l’être et le paraître entretiennent-ils un rapport plus profond que celui de la superposition? C’est à cette question que semble répondre le travail du photographe français Charles Fréger. Depuis le début des années 2000, il poursuit un inventaire portant le nom de Portraits photographiques et uniformes à travers l’Europe et un peu partout dans le monde. Dans son objectif? Des sportifs, des militaires, des étudiants, des femmes, des corps constitués immortalisés dans des conditions de stricte objectivité visant à neutraliser la présence du photographe. Très vite, c’est le travail de Bernd et Hilla Becher qui pourrait venir à l’esprit. Comme eux, approche frontale, composition sobre et maîtrisée, travail en série, rigueur chromatique… Alors que le couple allemand s’est employé à traquer les monstres d’acier des bassins de la Ruhr, Fréger a l’individu pour obsession. Mais chez lui, ce dernier ne s’efface pas derrière l’apparent enregistrement documentaire. Au contraire, le choix des poses, une attention précise et le détail des traits du visage permettent à l’être singulier d’émerger par-delà l’uniforme. Le glissement se fait alors de l’objectivité et du nouveau réalisme vers le portrait de la Renaissance. Fréger se situe clairement quelque part entre l’icône et le document.

étranges portraits

En marge du travail de Charles Fréger, la Galerie Les Filles du Calvaire donne à voir le travail de Katinka Lampe, peintre spécialisée dans le portrait. Des portraits étranges dans lesquels le réel – la personne elle-même – n’est que le prétexte à des variations stylistiques. Lampe puise son inspiration à 360 degrés. Photos de magazines, de journaux et reproductions d’anciens tableaux alimentent son furieux besoin de peindre. Car c’est bien de peindre dont il est question. Au fur et à mesure des tableaux, on sent à quel point l’artiste est taraudée par l’abstraction. Les visages s’effacent aux profits des lignes et des couleurs qui composent un étrange ballet esthétique en deux dimensions. Raison pour laquelle les sujets représentés sont jeunes et sans rides. En se situant en dehors du temps et d’une histoire particulière, ils se tiennent à distance de la psychologie et du vécu.

www.fillesducalvaire.com

Michel Verlinden

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