Populaire mais pas encore peoplisée, un pied dans la chanson et un autre dans le rock, elle est devenue incontournable sur la scène française. Olivia ruiz repasse par Bruxelles, le 28/11, aux Halles de Schaerbeek. L’occasion d’une interview-famille pour celle qui adore s’entourer.

La famille tout court

Miss Météores fourmille d’invités. Dont votre père (le titre en espagnol Quedate) et votre frère (le rap de Saule pleureur). L’esprit de famille?

Aujourd’hui, je vis à 800 km d’eux. Donc, on ne se voit jamais, on se parle beaucoup au téléphone. Cela dit, vous me parlez de la famille présente sur le disque, mais mon père, par exemple, est juste passé une après-midi sur les trois mois qu’a pris la confection de l’album. Et mon frère a enregistré sa partie de chez lui, je n’étais même pas là. Si j’ai fait appel à eux, c’est d’abord et avant tout pour leur talent. Qu’ils fassent partie de la famille, c’est la cerise sur le gâteau. Mais ce n’est pas la raison de leur venue. Pour Quedate, j’avais besoin d’une voix grave, très dans l’urgence. J’aurais pu appeler Yuri Buenaventura par exemple, ou quelqu’un d’autre. J’ai demandé à mon père parce que je pensais que c’était lui qui allait le mieux servir le morceau. Il n’aurait pas été mon père, je l’aurais appelé quand même. Mon frère pareil. Je connais merveilleusement bien son écriture. Donc je savais qu’il allait coller à l’histoire que je voulais raconter – même en en donnant sa propre vision. Je savais aussi qu’il allait rapper en chuchotant, exercice infaisable pour beaucoup de rappeurs.

Une citation d’Oscar Wilde:  » Après un bon dîner, on peut pardonner à n’importe qui, même à sa famille. » Le thème de la bouffe revient souvent dans vos chansons, non?

Ah ben oui, je suis une épicurienne! J’adore cuisiner, je suis passionnée de gastronomie… Mais… ce serait bien si un bon repas suffisait… Je crois beaucoup dans le pardon. J’étais quelqu’un de très rancunier, mais c’est quelque chose qui est en train de disparaître complètement de ma vie… Et puis c’est très difficile d’en vouloir à sa famille, surtout quand on devient soi-même parent. C’est bien là le jour où l’on se rend compte des difficultés, et qu’une éducation parfaite n’existe pas… Donc, je n’ai pas besoin du bon repas de famille pour ne pas en vouloir à mes parents (rires).

La famille artistique

Au générique figurent également The Noisettes, Coming Soon, Lonely Drifter Karen, Buck 65… D’où vient cette envie de s’entourer?

Toute la base du disque se construit en solo. Mais à un moment donné du processus, il est nécessaire d’ouvrir. Parce que partager amène un regard, qui permet parfois aussi de prendre confiance. C’est le plaisir d’être ensemble en studio également. Quand je finis une chanson chez moi, que j’ai imaginée toute seule de a à z devant mon ordi, je n’ai pas d’euphorie. J’ai du plaisir à écrire, mais pas d’excitation particulière à me dire que c’est absolument génial. Il y en a davantage quand j’arrive avec mon texte et ma mélodie chez Mathias ( Malzieu, son compagnon, leader du groupe Dionysos, ndlr), que je la lui chante, et qu’on cherche comment mettre le tout en musique, en essayant, en tâtonnant, en proposant…

Qui compose votre famille artistique?

Ce sont des personnes comme Néry (fondateur des VRP, héros de la scène alternative française du début des années 90, avec la Mano Negra, Boucherie Productions, les Wampas…, ndlr), Christian Olivier (leader des Têtes Raides, également nées dans la mouvance chanson-rock indé, ndlr), etc. Des gens qui sont là depuis le début, qui m’ont soutenue quand tout le monde s’en foutait… Néry, par exemple, a mis en scène mon tout premier spectacle. Grâce à cela, aujourd’hui, je ne fais que de l’impro ou presque. Chaque concert est plein de surprises, rien n’est établi si ce n’est l’ordre dans lequel on va jouer les morceaux. Avec Christian, on a travaillé ensemble sur la chanson Non-dits, il m’a accompagné aussi sur les concerts, dans les moments fatigants… Ce sont deux piliers, vraiment. Et ce qui est encore plus fabuleux, c’est que ce sont des artistes que j’écoute depuis le début de mon adolescence. Donc oui, pour le coup, ce sont des gens très importants pour moi.

La famille politique

En 2007, vous étiez présente au meeting de Ségolène Royal, au stade Charléty…

Oui, j’étais là, mais je n’ai pas joué.

Pourquoi?

Disons que je n’ai pas envie de risquer une éventuelle récupération. Mes convictions politiques m’appartiennent, elles font partie de ma vie privée, au même titre que mes amours. Je veux bien être chanteuse engagée mais dans l’humanitaire, et dans des projets à mi-chemin entre l’artistique et l’humanitaire. Mais au niveau de mes convictions politiques, je n’ai aucune envie de revendiquer ça. Cela étant dit, je trouve nécessaire qu’il y ait eu des Leo Ferré, ou qu’il y ait aujourd’hui des Cali. C’est essentiel que des gens se prononcent. Mais personnellement, je ne pense pas avoir les compétences pour m’exprimer sur ce terrain-là. Ce sont des discussions que l’on aborde beaucoup dans le privé, et j’ai des avis très tranchés. Mais je ne me sentirais pas à ma place en les défendant publiquement. J’offre du divertissement, c’est mon envie, point.

Olivia Ruiz, Miss Météores, Universal. En concert le 28/11, aux Halles de Schaerbeek.

Rencontre Laurent Hoebrechts

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