C’est en gros ce que propose PG Porn, web série drolatique qui se joue des codes du X.

Dans Comment voyager avec un saumon, Umberto Eco écrit:  » Si pour aller de A à B, les protagonistes mettent plus de temps que vous ne le souhaiteriez, alors c’est un film porno. » Une leçon qu’a bien intégrée, pour mieux en rire, le scénariste et réalisateur James Gunn, ancien fer de lance de la folle écurie Troma (on lui doit, notamment, le fameux Tromeo and Juliet) et véritable spécialiste du cinéma trash et de série B, au moment d’élaborer le concept de PG Porn. Une web série dont le slogan est aussi improbable qu’éloquent:  » Pour ceux qui aiment tout dans le porno… sauf le sexe. »

 » Afin que la transgression ait lieu, il faut qu’elle se dessine sur un fond de normalité« , écrit encore Eco. D’où la nécessité, selon lui, de ménager des temps morts dans un film porno, pour renvoyer à une certaine réalité que ne rendrait pas un enchaînement continu de saillies plus ou moins débridées (ce que proposent pourtant peu ou prou certains gonzos). C’est sur cette pseudo normalité distillée par les productions X que se concentre, en s’en moquant allégrement, la série PG Porn (PG pour « Parental Guidance », type de classification des films venant juste derrière le label « Tous publics »), dont les personnages féminins sont campés par de vraies pornstars. Soit des épisodes de 3 minutes volontairement caractérisés par un jeu d’acteurs lamentable, des dialogues consternants faisant la part belle à des jeux de mots allusifs fins comme des câbles de frein et des situations du quotidien dont la tournure devient à vitesse grand V tout sauf un tant soit peu réaliste. Le b.a.-ba introductif à une scène porno en somme. Sauf qu’ici les ébats n’ont pas lieu. Ce qui ajoute encore à la drôlerie de la chose.

Un peu comme si, dans cette scène devenue culte de The Big Lebowski, l’apollon teuton à crinière de lion venu réparer le câble se mettait, comme le suggère le Dude, réellement à réparer le câble, plutôt que d’entreprendre l’infortunée en petite tenue et sa copine topless venue prendre une douche.

En parlant de porno, il en est un qui galère actuellement rien qu’avec le titre de son prochain film. En effet, la comédie Zack and Miri make a Porno de Kevin Smith ( Clerks, Dogma) voit ses publicités refusées par les chaînes de TV et les journaux américains pour cause d’intitulé trop explicite. Décidément, qu’on le boycotte ou qu’on le moque, le porno est en mauvaise posture de nos jours…

http://pgporn.tv/

Nicolas Clément

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