« Deux frères »

Ce n’est pas tout de lancer un buzz. Encore faut-il le faire atterrir. Annoncé par un live streaming fumeux, chauffé par un clip énorme, enflammé par un leak qui a suscité l’hystérie, le 3e album de PNL n’a pas loupé son effet.

L’univers n’a pas changé: solitaire, PNL traîne son ennui « dans la cité bourrée de vices » ( 91’s), dégonflant tout glamour de bad boy gangster. Long, lent (voire quasi à l’arrêt sur le sublime À l’ammoniaque), Deux frères peut ainsi paraître monochrome. Voire monotone, si la précision du mix ne permettait pas de révéler tous les détails de ses productions cotonneuses.

Ademo et N.O.S. sortent pourtant des rails à quelques reprises: Au DD, l’andalouserie Hasta la vista, le summer funk de 91’s ou le désarmant La misère est si belle. Ils sont tous de vraies réussites. Pourquoi alors s’être acharné à creuser toujours le même sillon neurasthénique? Parce que c’est précisément le propos de PNL. Ici, rien ne bouge. « L’ascenseur est bloqué », l’histoire connue d’avance. Terrassé par la haine de soi ( « Je ne suis bon qu’à écrire des textes de merde ») et des autres ( « Je préfère être franc, je vous déteste tous »), Ademo et N.O.S. ruminent leur angoisse existentielle, paralysés par la vanité de toute chose.

Certes, le ton a évolué. Ils osent désormais une plus grande fragilité – « J’essaie d’ouvrir mon coeur, chelou comme ça fait peur » ( Kuta Ubud). Malgré ça, c’est le désespoir qui domine. « C’est pas normal d’être si malheureux », constate Ademo sur La misère est si belle. Et la réussite n’arrange pas spécialement les choses. N.O.S. explique ainsi sur Zoulou Tchaing: « La couronne a l’odeur du ghetto/Bon qu’à peser les grammes/Bon qu’à peser les mots.  » Dealer ou superstar du show-biz, finalement, c’est le même jeu de dupes.

Distribué par QLF Records.

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