Impossible de se passer de la propagande digitale dont les ramifications –site perso, Facebook, Twitter, YouTube, SoundCloud– constituent l’appendice nécessaire à la planification d’une carrière. Chez nous comme ailleurs ?

Il y a quelques semaines, dans sa dernière série de concerts stand up, David Bartholomé balance les commentaires ramenés de sa page Facebook. A Verviers, il nous lit la prose des admirateurs locaux:

« David, ta braguette est ouverte »

« T’as goûté la tarte au riz? »

« Et la potée aux choux de Jalhais? Goûtée? »

« Et tu viens quand à Verviers? »

Quelques minutes de ping-pong où le bon vieux live des familles sert d’abribus au Net: l’Union entre réseaux sociaux et quotidien rock belge fait indéniablement la force. Classiquement, le site perso du groupe renvoie à Twitter, Facebook, Vimeo, YouTube et autre SoundCloud, et rien qu’à la gueule du www.grouperock.bestandard, on peut déjà dire quelle histoire on veut nous raconter, quelle esthétique fait mousser les chansons ou, plus prosaïquement, quels sont les partis pris de la »communication »choisie. Dans cette époque transie par l’information perpétuelle, inondée de métadonnées à l’utilité discutable, la Belgique rock francophone reste elle-même: assez loin de la peoplisation galopante, cancer rongeant la privauté des sentiments. Ainsi, le site de Girls In Hawaii, qui devrait revenir discographiquement en 2013: le curseur cherche en vain à pénétrer la froide montagne de la home page, comme si le bloc congelé et immobile nous faisant face était le seul apte à signifier la discrétion mutique dont la bande s’entoure depuis la mort de son batteur, Denis Wielemans, le 30 mai 2010. C’est néanmoins par Facebook et quelques images des Girls à Deep In The Woods que les premiers signes de (nouvelle) vie sont apparus en septembre 2012. De son côté, l’autre grand prétendant belge au retour, Ghinzu -31 753 amis sur Facebook-, reste plus que discret sur son nouvel album, également pressenti à une éclosion 2013. Sans grandes nouvelles des réseaux, on a donc usé du bon vieux GSM pour contacter John, le Ghinzu-en-chef, qui nous a fait savoir que le groupe « n’avait pas de grande déclaration à faire » sur le sujet du Net. Reste maintenant à espérer de grandes chansons…

DAVID BARTHOLOMÉ

WWW.DAVIDBARTHOLOME.BE: MONTE À 200 VISITEURS PAR JOUR, PIC À 380

FACEBOOK DB: 800 AMIS

FACEBOOK PERSO: 1700 AMIS

« Au début, j’ai eu du mal à digérer l’arrivée du « média 2.0 » puisqu’il m’a semblé jeter en désuétude notre site de Sharko et le journal que j’y tenais. Tout allait plus vite, j’avais à peine le temps de synthétiser dans ma tête un événement que des images circulaient déjà sur YouTube et que Facebook avait maculé le terrain. Un jour, la panne de notre camion en tournée avait déjà été « statufiée » sur Facebook par notre ingé son alors que je m’apprêtais à le faire… Aujourd’hui, si je délaisse quelque peu la rédaction du « journal » (sur mon site solo), je me concentre plus sur Facebook et Twitter. Ne rien lâcher. Se montrer toujours disponible, souple et rapide. Répondre et fidéliser. Glaner un esprit vif pour se distinguer sur Twitter. Faire preuve de bienveillance sur Facebook. Ne pas péter plus haut que son cul sur le site officiel… Attention Professeur des Médias ici, haha. Facebook s’avère utile pour annoncer des concerts, des interventions médias ou une activité quelconque. Le contact avec les fans demeure ludique; mon humble statut me permet de gérer ça facilement (je ne suis pas Lady Gaga, ça va quoi).  »

DANIEL HÉLIN

WWW.DANIELHELIN.BE

« Il fut un temps ou je m’inscrivis dans le « LIVRE DES VISAGES » et y fus accueilli et sollicité tout autant que sollicitant (mais fort peu, pour dire) par 3800 amis virtuels dont, en fin de compte, je ne sus que faire. Parce que j’ai tout mélangé, confondu, et j’y trouvai à la fois des « amis « divers rescapés de mes diverses écoles que je quittai ou dont je fus renvoyé, quelques bras cassés me demandant aides quelconques, fans sincères et autres vrais amis que, de toute façon, je voyais en vrai. Et des tas d’autres inconnus que je classai mentalement dans la catégorie de « fans potentiels » ou « personnes à informer de mes activités artistiques ». Et quand j’ai commencé à avoir trop de courriers, de commentaires, alors que je gère plutôt pas bien ma boîte mail, j’ai tout viré, tout supprimé. Alors qu’à l’origine je m’étais inscrit pour des raisons professionnelles, je ne me servis de cet objet que pour annoncer la sortie de mon disque précédent. Les dates ont toujours été sur mon propre site: www.danielhelin.be. Et ça fonctionne encore comme ça: il y a un lien mail sur mon site qui permet aux gens de me contacter à la fois professionnellement et pour d’autres messages. De la à savoir l’impact sur la fréquentation de mes concerts, je n’en sais rien. J’ai aussi un MySpace auquel je n’ai plus accès depuis des années malgré ma demande d’un nouveau mot de passe et un LinkedIn ou je ne vais jamais. Je reste en fin de compte confiant dans le vrai bouche à oreille même s’il passe par les mails, les réseaux sociaux et les téléphones DES AUTRES… C’est comme ça que je crois que ça fonctionne en fin de compte.  »

NOA MOON

SITE PERSO: EN PRÉPARATION

FACEBOOK: 3377 AMIS

« Il y a deux ans, j’ai commencé avec MySpace, c’est comme cela que j’ai pu avoir mes premiers contacts avec les gens, mais aujourd’hui, MS ne se pratique plus beaucoup, donc je suis Facebook à 100 %. C’est là que l’on donnera l’adresse de mon futur site perso, qui sera créé pour être synchro avec la sortie de l’album, d’ici l’été. J’ai l’impression que beaucoup de jeunes sont sur Twitter et Instagram, là, je me sens déjà un peu vieille parce que FB me suffirait amplement (sourire). Pour l’instant, je cherche à ouvrir un blog, pour tenir les gens au courant pendant l’enregistrement de l’album qui va avoir lieu à Paris. Je pense utiliser beaucoup de vidéos, des textes, des photos, créer une espèce d’intimité entre moi et eux, amener les gens dans l’aventure. Sans forcément lâcher des bouts de morceaux: j’essaierai d’être honnête, de raconter les trucs drôles, bizarres, ce que j’ai retenu de chaque journée… Pas un blog débile de jeune fille.  »

GREAT MOUNTAIN FIRE

WWW.GREATMOUNTAINFIRE.COM

FACEBOOK: 4729 AMIS

« On ne veut pas que le site soit saturé de choses et on y lâche donc, de temps à autre, des surprises. On aime que les gens aillent sur les réseaux, le MySpace existe toujours, on le met à jour en fonction de ce qui se passe, avec l’idée de garder toutes les portes ouvertes, pour qu’il y ait toujours un chemin pour arriver jusqu’au groupe. On vient de venir sur Tumblr parce qu’on s’est rendu compte que des gens parlaient de nous sur ces blogs, donc on a mis exclusivement des photos de route, de tournée, et parfois du contenu, une vidéo par exemple. Quand on a joué au Cirque Royal (le 21 décembre, ndlr), on s’est demandé comment on allait communiquer. On a fait un concours pour que les gens gagnent diverses choses, le top, c’était de pouvoir assister à la répétition générale, dix personnes ont été choisies via notre Facebook, manière de s’ouvrir à quelque chose d’exclusif… Quand on a commencé la musique, cela n’existait pas, on mettait une date sur Internet et basta. Normalement, il y aura une surprise au milieu de la tournée française, en janvier 2013… Pas sûr à 100 %: c’est aussi la nature des surprises.  »

MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE

WWW.MYLITTLECHEAP.NET

FACEBOOK: 5 000 AMIS

« Le site est en fait plus une page relais qui donne avant tout les liens vers nos réseaux sociaux: le Bandcamp et ReverbNation, pour écouter notre musique, le Twitter, qu’on n’utilise pas trop, la page Facebook de MLCD. Ici tout est possible, simple et rapide. .. Nous pouvons gérer nous-mêmes la page: y ajouter de la musique, annoncer nos dates, poster des photos ou des vidéos de nous en studio, en live. Le temps est souvent long entre deux albums et deux tournées. Par exemple, en novembre nous sommes allés composer « en retraite » dans un mas en Provence, la galerie photo a eu beaucoup de retours. .. C’est le genre de trucs que j’aurais adoré voir d’un groupe dont j’étais fan quand j’étais ado.  »

TEXTE PHILIPPE CORNET

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