Pionnière – Cycle Ida Lupino

© Filmmakers Productions

Elle était un tigre en cage. Je ne pense pas qu’elle ait été tranquille une seule minute de sa vie, dit à son sujet Joan Fontaine, qui a joué sous sa direction dans Bigamie. L’histoire d’un couple qui ne peut avoir d’enfant et se délite dans une double vie. Un petit chef-d’œuvre tourné à la manière d’un film noir qui dénonce la comédie des apparences et ne juge pas ses personnages, sincères même quand rongés par la culpabilité.

Arte a la bonne idée en ce début d’année de rendre hommage à la formidable Ida Lupino. Si la chaîne franco-allemande diffuse ce lundi soir le remarquable Bigamie, réalisé en 1953, elle prolonge l’expérience de son cinéma jusqu’au 29 juin sur arte.tv avec trois films qu’elle a réalisés (Avant de t’aimer, Faire face, Le Voyage de la peur) et un court documentaire dont elle a fait l’objet (avec des chouettes dessins en blanc sur noir)…

Fille de comédiens britanniques née en 1918 à Londres, Ida Lupino est déjà actrice en Angleterre quand elle débarque du côté de Los Angeles à seulement 17 ans. Sa carrière explose au début des années 40 dans deux films de Raoul Walsh avec Humphrey Bogart (Une femme dangereuse et La Grande Évasion). Mais Lupino a beau jouer dans 61 films de l’âge d’or hollywoodien, elle n’est pas satisfaite par son parcours de comédienne et le fonctionnement de la Warner. Elle va choisir le cinéma indépendant pour exercer ses talents de réalisatrice et créer une société de production avec son second mari.

Après avoir remplacé au pied levé le réalisateur d’Avant de t’aimer dans lequel elle affirme son style, elle va enchaîner des longs métrages aux héros ordinaires et à la mise en scène épurée. Ida Lupino est l’une des rares femmes (la seule, à l’époque, des 1 300 membres de la Directors Guild of America) à réaliser des films dans les années 50. Des films qu’elle décrit comme documentaires, influencés par la rencontre de Roberto Rossellini. Thèmes de société forts et parfois tabous comme le viol, volonté de tourner des scénarios inspirés de fais réels, physiques de la rue et acteurs peu connus qui ne sont pas passés par des écoles de comédie… Lupino, féministe et précurseure, s’intéresse aux déclassés, à l’Amérique des petits boulots, au destin d’une fille-mère ou d’une danseuse atteinte de polio. La cinéaste a terminé sa carrière à la télévision, réalisant de nombreux épisodes de séries: Alfred Hitchcock présente, Ma Sorcière bien-aimée, La Quatrième Dimension

Quatre films et un documentaire.

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