Tribunal populaire – Peu novatrice sur la forme, la nouvelle aventure vidéoludique et judiciaire de Phoenix Wright passionne. Un parent lointain du roman SMS.

édité et développé par Capcom, âge 12+, disponible sur Nintendo DS.

Zéro pointé, ou presque! Trials and Tribulations, dernier opus en date de la populaire série des Ace Attorney mérite un carton rouge en termes d’innovation de gameplay. L’intérêt du troisième volet (1) refermant le premier triptyque de ce simulateur d’avocat est ailleurs, dans une narration polar orchestrée de main de maître. A ce jour, la seule du genre à transcender la Nintendo DS dans la catégorie roman électronique interactif. Logique pour un jeu développé au Japon, pays où les salarymen achètent des romans SMS à lire dans le métro. Complètement exotique à notre échelle.

Les quatre épisodes d’ Ace Attorney brossent les travers très humains du système pénal, avec quelques notes d’humour et de paranormal typiquement manga. Entre défense, accusation, détectives et médiums, une trentaine de personnages au profil bien trempé s’entrechoquent sur fond de rivalités mal placées d’avocats, partialités de juge et frustrations de procureurs.

Street Fighter au tribunal

Déroulant cinq procès fleuves, Trials and Tribulations oscille entre présent et passé. On y retrouve Phoenix Wright, jeune avocat héros de la série, et feu Mia Fey, son mentor. Un roman d’enquête flash- back très propre, malgré les meurtres. Shû Takumi, créateur de la saga, évite de fait le sordide. Pas de viol ni de défense de faux innocents. Un peu roman de gare, un peu Arlequin voire même crypto gay (selon Chronic’Art et gaygamer.net ), Ace Attorney n’en demeure pas moins efficace dans sa construction. Le fruit d’un mariage impromptu célébré par Shû Takumi dont l’idée était de joindre la nervosité des jeux de combats façon Street Fighter à l’univers clos du barreau.

Inspiré par Ellery Queen, duo US d’auteurs de polar populaires des années 30 à 60, et des jeux d’aventure des golden nineties de Lucas Arts ou Sierra, Shû Takumi déploie toujours le même schéma. Bien plus que la phase d’enquête qui s’apparente à un jeu d’aventure click and play traditionnel avec collecte de témoignages et de pièces à conviction (à réutiliser plus tard en séance), la jubilation provient de la possibilité au fil d’un long et très cérébral cheminement à confronter des témoins à leurs mensonges devant la barre.

Intensité dramatique très bien retranscrite à coups d' »objections » qu’on peut crier dans le micro de la console portable de Nintendo. Plusieurs tours de passe-passe typiquement gaming comme des jauges de crédibilité et des artefacts magiques font monter la température. La fièvre gagne aussi les joueurs francophones sur le Net. Des internautes imaginent leurs affaires en réutilisant graphismes et mécaniques du jeu original. A ce jour, 23 procès nés de l’esprit de fans sont ainsi jouables en flash directement sur http://aceattorney.free.fr/ dans les mêmes conditions que sur DS. Jusqu’ici, pas d’objection de Capcom…

(1) Qui par une maladresse de son éditeur sort chez nous après le quatrième volet Apollo Justice.

Michi-Hiro Tamaï

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