Peterloo

L’Histoire d’Angleterre n’en finit plus d’inspirer les cinéastes, avec des fortunes diverses cependant. Au stimulant The Favourite de Yorgos Lanthimos, incursion ébouriffante à la cour de la reine Anne, répond ainsi aujourd’hui le poussiéreux Peterloo, de Mike Leigh -du nom du massacre survenu en août 1819 à Manchester, lorsque la cavalerie chargea une manifestation pacifiste ayant rassemblé quelque 60 000 personnes au nom de la démocratie, tuant sauvagement une quinzaine de participants. Ces événements tragiques, le réalisateur de Topsy-Turvy entreprend de les relater par le menu, en posant les enjeux à grand renfort de discours, mû par un évident souci de didactisme, avant de s’appesantir sur les faits. C’est peu dire que le résultat s’avère résolument indigeste: si le soin apporté à la reconstitution historique comme, du reste, à la restitution du parler de l’époque -le cinéaste aurait consacré des années à vérifier la justesse de chaque propos- forcent le respect, c’est toutefois au détriment de la narration, dont le nerf se distend à force de répétitions et autres lourdeurs. Si les historiens anglophiles apprécieront sans aucun doute, les cinéphiles, pour leur part, en sont pour leurs frais, l’impression prévalant au terme de ces 154 minutes étant celle d’un interminable pensum, leçon d’Histoire semblant sortie d’un autre temps -celui du cinématographe, peut-être. Inutile de préciser que l’on a déjà connu Mike Leigh beaucoup plus inspiré, qu’il se frotte à ses contemporains dans Naked, All or Nothing ou Happy-Go-Lucky, ou qu’il remonte à l’essence de Mr. Turner

Peterloo

De Mike Leigh. Avec Rory Kinnear, Maxine Peake, Neil Bell. 2 h 34. Sortie: 16/01.

4

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content