Paraiso

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La Seconde Guerre mondiale, au Japon comme ailleurs, pendant et juste après, fut une abomination, que Suehiro Maruo (Tomino la Maudite) traite comme telle à travers cinq nouvelles réunies dans ce manga cartonné qui se lit, comme de droit, à l’envers. Cinq récits qui donnent à voir une nouvelle facette de cet auteur toujours aussi fort et dérangeant et maître du ero guro, mouvement mêlant érotisme, macabre et grotesque. Mais Maruo délaisse cette fois la fiction pour ancrer l’horreur dans le réel, sans rien perdre de son goût des tabous et de ses obsessions. On suit donc, suffoqué, le destin bref de quelques personnages brisés par la guerre, de deux orphelins survivant en haillons dans ce qu’il reste de Tokyo, à deux curés représentant le pire et le meilleur de la religion catholique, l’un devenant le bourreau de son orphelinat, l’autre choisissant la voie du martyr jusque dans les camps de la mort nazis et un “bunker de la faim” difficile à oublier. De son trait fin et extrêmement précis, presque beau s’il ne dépeignait d’abord l’innommable, Maruo n’épargne aucune scène difficile à ses lecteurs, comme pour souligner que les enfers les plus décadents sont toujours des créations humaines. Éprouvant donc, mais remarquable.

de Suehiro Maruo, éditions Casterman, 192 pages.

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