L’important, c’est de participer », martelait Pierre de Coubertin. Pas pour Jaco le héros visiblement. On le sait, le réalisateur belge n’a pas digéré d’être « relégué » à la table des cousins et cousines au prochain Festival de Cannes. Il visait la compétition, l’arène des grands fauves. Frémaux, le grand manitou du banquet cannois, lui offrait une chambre climatisée avec vue sur mer mais sans jacuzzi, la catégorie hors compétition. Pas le top 20, mais quand même le top 30… Le légendaire art du compromis à la belge a fait pssschit sur ce coup-là. Mister Nobody ira se faire voir ailleurs. Quelle mouche a donc piqué Van Dormael et son producteur? Si on comprend la déception de celui qui a pris un certain temps, pour ne pas dire un temps certain (13 ans quand même), pour ficeler son ambitieux projet, on se demande si le tandem ne s’est pas tiré une balle dans le pied en snobant ce showroom en mondovision. Le label Cannes, c’est la Rolls-Royce des normes ISO. Même Coppola, qui disait vouloir réserver son Tetro à Seattle, n’a pas résisté aux sirènes de la Croisette. Qu’on se rassure, le drapeau belge flottera sur le Grand Palais. Avec trois films flamands et surtout Panique au village. Patar et Aubier, les joyeux lurons de Pic Pic André, n’ont pas fait la fine bouche. Une séance de minuit hors compétition (le strapontin décliné par Van Dormael?), c’est un peu Noël en mai pour les pères de Cow-boy, Cheval et compagnie. Et un joli bordel en perspective sur le red carpet et alentours… Une raison de plus pour ne rien rater de la série consacrée à Panique que nous entamons cette semaine ( voir page 18). Quelle morale tirer de cette version méditerranéenne de Jean qui rit, Jean qui pleure? Qu’à l’heure du Net, qui allait tout balayer, les grands rendez-vous de la vie médiatique font plus que résister. Ils balisent toujours la route de nos désirs. Jaco se serait-il fendu d’un communiqué à l’humour teinté de désespoir –  » Il (le film, ndlr ) ira vers le public sans palme ni tuba » – si le jeu n’en valait pas au fond la chandelle? La mode a ses fashion weeks, le monde agricole ses foires de Libramont, la littérature ses Goncourts. Pour exister, mieux vaut entrer dans la danse, fût-ce par la petite porte. Reste à présent à espérer que Jaco soit repêché en seconde session. Probablement en septembre à Venise. Sinon? Nobody knows… l

Par Laurent Raphaël

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