Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Hip hop, funk, soul, reggaeton… Y a du soleil dans le rap du Bruxellois Pablo Andres. Présentation avant son concert au Botanique.

Chassez le naturel, la musique revient au galop. C’est en tout cas ce qu’on se dit à l’écoute du premier album de Pablo Andres. Intitulé Nino del Sol, il mélange français et espagnol, hip hop et jazz-funk, chanson et reggaeton. Quand on le rencontre à l’étage d’un café bruxellois du centre-ville, Pablo Andres explique pourtant que c’est en écoutant les décharges métalliques de groupes comme Nirvana ou Pantera qu’il a eu ses premiers flashs musicaux. « Et puis un jour, je suis tombé dans le hip hop… J’y ai retrouvé une partie de mes racines, en y croisant des gens qui venaient du sud: des Marocains, des Congolais… J’y ai découvert aussi un esprit de partage, une chaleur humaine. »

Né en 1979, Pablo Andres -Hertsen de son nom de famille- est né de l’union d’une mère mexicaine venue étudier en Belgique et d’un père flamand bruxellois. « Du coup, dans tout ce que je fais, le métissage est important. Je ne l’ai pas spécialement recherché, mais sur le disque, par exemple, il y a 12 nationalités différentes. » A la maison, Pablo Andres entendait donc passer aussi bien les disques de Brel ou de Reggiani de son père que les fantaisies de Jorge Negrete ou Pedro Infante ramenées du pays par sa mère. Pas impossible d’ailleurs qu’il ait tiré de ces kitscheries mariachi son autre passion: la comédie. « Pour faire simple, j’ai un père carré et une mère gentiment dingo. Du coup, j’aime aussi faire rire. Depuis que je suis tout petit, j’adore faire le con. » Après des études de communication à l’Ihecs, avant tout destinées à rassurer le paternel, il entame une formation d’acteur à la Kleine Academie. « Cela m’a énormément marqué. Cette expérience m’a permis de casser pas mal de barrières et de réaliser qui je suis vraiment. » Aujourd’hui, il fait pas mal de doublage (notamment pour des mangas comme Naruto ou Pokemon), participe aussi aux sessions Kings of Comedy…

Solaire

En 2008, il joue également le rôle de Roberto Zucco au théâtre. « Son côté fonceur, rien à foutre, m’a fasciné. Quand il dit par exemple: « Je suis comme un train qui traverse tranquillement une prairie et que rien ne pourrait faire dérailler » . «  Nul doute que le comédien a dû se repasser plus d’une fois la phrase dans la tête ces dernières années, au moment de réenfiler sa casquette de musicien. Adoubé par le rappeur bruxello-congolais Pitcho (présent sur Nino del Sol), Pablo Andres a dû cravacher pour aller au bout de ses envies. D’autant qu’au fil du temps, le projet prend de l’ampleur. Au départ, le label imagine une mixtape élaborée. Dans la tête de Pablo Andres, très vite, l’ambition est de fournir un album complet. De hip hop certes. Mais qui dépasse aussi la culture du sample pour être joué par de vrais musiciens. Têtu, Pablo Andres s’acharne. Jusqu’à obtenir le soutien de Sir Samuel, l’un des maîtres d’£uvre du Saïan Supa Crew, l’un des groupes rap français les plus épatants des années 2000.  » J’ai envoyé une cassette sans trop y croire. Il a apprécié et est venu faire un morceau. Finalement, il a proposé de s’occuper de la réalisation artistique de tout le disque. »

Résultat: Nino del Sol, qui pour être sorti à l’arrache, n’en manque pas moins de panache. Solaire comme son nom l’indique, il se laisse même le droit d’être naïf – « l’amour, la générosité, la compassion… cela peut sonner cliché, mais ce sont des valeurs qui comptent pour moi ».Nino del Sol tranche en tout cas par sa luxuriance, isolé sur la scène hip hop locale. Les fans de Hocus Pocus ou du dernier Féfé apprécieront…

Pablo Andres, Nino del Sol, chez Skinfama.

En concert le 3/04, au Botanique, Bruxelles. Mixtape gratuite (avec Féfé, Veence Hanao,…) à télécharger sur www.pabloandres.net

Laurent Hoebrechts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content