Quand faut-il sortir un disque? Après l’heure, c’est plus l’heure, on est bien d’accord. Mais avant?

Il y a ceux qui détestent arriver en retard, et les autres qui ne supportent pas d’être en avance. Mais finalement, seule une chose compte: être au bon endroit, au bon moment. Voilà l’enjeu! Cela n’a l’air de rien, mais aujourd’hui, la question agite au plus haut point les maisons de disque. Le secteur chancelle toujours sous les coups d’Internet. Mais alors qu’il a longtemps fait le gros dos en montrant les dents, il prend petit à petit le pli. Certes, ça cherche, ça chipote, ça tâtonne. Quand faut-il par exemple lâcher le disque sur les plateformes de téléchargement? En même temps que la sortie physique? Un peu avant? Un poil après?

Une tendance semble bien se dessiner: celle du « largage » anticipé sur le Net. Cela n’est d’ailleurs plus une manière de court-circuiter les pirates -ils auront toujours la main. Non, c’est devenu un élément marketing en soi. Les premiers, non pas à le faire, mais à jouer pleinement le gimmick, furent Radiohead l’an dernier. In Rainbows n’était d’abord annoncé qu’en téléchargement, sur le site du groupe, et laissé à la générosité des fans. Evidemment, quelques mois plus tard, une version « dure » atterrissait dans les bacs des disquaires.

Les Raconteurs, le groupe de Jack White et Brendan Brenson, ont agi un peu différemment. Ils ont préféré l’effet de surprise. L’arrivée de leur deuxième album a ainsi été annoncée une semaine seulement avant sa mise à disposition, aussi bien sur le Net qu’en magasin. Une petite prouesse.

Dernier exemple en date: Bloc Party (photo). Le 18 août dernier, lors d’une session de chat, le groupe annonçait la mise à disposition le jour même de leur troisième album en téléchargement payant. Soit deux mois avant la sortie de la version physique de Intimacy, prévue pour le 27 octobre. Et la presse d’être prise en sandwich: doit-elle déjà chroniquer le disque, ou attendre le CD, sur lequel la firme de disques a malgré tout calqué sa promo et ses interviews? Le groupe, de son côté, explique vouloir recréer l’excitation qui existait auparavant autour de la sortie d’un disque. On peut aussi penser qu’il se crée dans le même temps une double exposition médiatique. C’est réussi. La preuve…

L.H.