Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Rio Grande! – Aussi drôle que politiquement incorrectes, les nouvelles aventures de OSS 117 confirment sur un mode réjouissant les promesses du premier film.

De Michel Hazanavicius. Avec Jean Dujardin, Louise Monot, Alex Lutz. 1 h 40. Sortie: 19/04.

Pour une drôle d’idée, c’était une drôle d’idée! Ressusciter à l’écran, et au XXIe siècle, le héros des romans de Jean Bruce, agent secret d’une époque (les années 50) où machisme, colonialisme et grandeur de la France étaient encore d’incontestables réalités? Qu’avait donc en tête le tandem Michel Hazanavicius/Jean Dujardin au moment de réaliser (pour le premier) et de jouer (pour le second) le plus inattendu des « retours », OSS 117 ayant déjà été le héros de plusieurs films entre 1957 et 1970, avec des interprètes comme Ivan Desny, Fréderick Stafford et… Michel Piccoli? Le résultat fut une belle surprise de comédie d’action savoureusement décalée, jouant avec beaucoup d’astuce et un poil d’audace la carte de la comédie déjantée, et bravant le politiquement correct avec une vigueur roborative. Le succès étant au rendez-vous, la joyeuse équipe d’ OSS 117: Le Caire nid d’espions ne pouvait que soumettre à son second degré une autre aventure de Hubert Bonisseur de la Bath. Et cette suite ne déçoit en rien les espoirs nés du premier film. La mission de notre agent très spécial consiste cette fois à retrouver un microfilm compromettant que les autorités françaises veulent absolument récupérer. OSS 117 prendra donc le chemin de Rio de Janeiro, où s’est réfugié un ancien responsable nazi et où les services secrets… israéliens lui proposeront de travailler en commun. Il faut dire que le microfilm contient une liste de personnalités françaises ayant collaboré avec l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale, et que l’ex-hitlérien de service pourrait bien ne pas s’être (mais alors là pas du tout) repenti…

ANTISéMITE ET MACHO

Ajoutez au tableau un collègue américain de la CIA aux visées pas toujours claires, et des Chinois en grand nombre, désireux de venger leurs frères occis par OSS au tout début du film, et vous aurez une idée de la tâche imposée à l’espion français. Lequel s’avère toujours aussi imbu de lui-même, ignorant des enjeux historico-politiques, et blindé de préjugés sexistes et raciaux comme ce n’est pas (plus) permis. L’antisémitisme et le machisme crasse se retrouvant dans le collimateur d’un film pas plus politiquement correct que son prédécesseur… Jean Dujardin campe de manière épatante un personnage dressé dans ses certitudes de mâle blanc, dominant et français, confit de suffisance et devenant cible parfaite d’un ridicule achevé. Outre la belle et piquante Louise Monot (en lieutenant-colonel du Mossad), on retrouve au générique Rüdiger Vogler (l’acteur fétiche des débuts de Wenders) en nazi, Pierre Bellemare en directeur des services secrets, et notre compatriote Laurent Capelluto en espion israélien. Une joyeuse troupe que Michel Hazanavicius dirige avec un entrain communicatif, dans une comédie souvent hilarante, et bien plus intelligente au fond que d’aucun pourraient le penser…

u Voir aussi l’interview express de Jean Dujardin page 6.

Louis Danvers

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