Ordure

Agent d’entretien dans un immeuble, Sloper vit reclus dans la cave chez sa mère, avec qui il ne communique que par cris ou coups de pieds sur le plancher. À chaque tournée, il grappille rituellement tout ce qu’il juge encore comestible dans les poubelles des cadres. On lui adresse à peine la parole, à part peut-être pour le rudoyer. Mais un jour, une découverte sinistre va octroyer une compagnie inhabituelle à celui que personne ne calcule. À l’exception de Trashed de Derf Backderf (une année dans la vie d’un jeune éboueur intérimaire, inspirée de l’expérience de l’auteur), on connaît bien peu d’oeuvres littéraires qui vissent littéralement leurs entrailles dans ce que chacun veut faire disparaître au plus vite: restes de pots de départ, yaourts avariés, habitudes coupables et secrets honteux. Mais contrairement à Backderf, Marten resserre les angles dès qu’il peut et bouche les échappées. Il laisse d’emblée entendre que c’est sans doute là le seul horizon possible pour Sloper, qu’il n’y aura pas ici de trajectoire de rédemption ou d’apprentissage. Dans son étalage clinique des gestes et des transgressions, Ordure (titre astucieusement ambivalent) est de ces romans dont le sillage, tant olfactif que confrontant, vous suit longuement après la dernière page.

D’Eugene Marten, éditions Quidam, traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe, 112 pages.

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