Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Le cinéaste français s’est mis à L’Heure d’été pour méditer sur le bric-à-brac qui se transmet (on non) d’une génération à l’autre.

« C ette histoire, j’avais besoin de la raconter! » Olivier Assayas, en partance pour Toronto où l’important festival canadien a programmé son film, explique comment, à partir d’une proposition de court-métrage faite par le Musée d’Orsay, s’est développé en lui le désir de consacrer un film à la question de la transmission.  » Je voyais bien que ma mère ne vivrait pas éternellement, cela m’a poussé vers ce sujet du décès d’une maman et des questions qui se posent à ses enfants à l’heure de recueillir sa succession. Ma mère n’aura pas l’occasion de voir le film: elle est morte avant le tournage…  »

Le cinéaste français, dont Fin août, début septembre fut le plus grand succès, a dépassé le demi-siècle, et entend bien  » assumer le passage du temps« . Il le fait avec grâce, avec un film dont nous vous disons en page 30 à quel point il touche juste et profond. « L’Heure d’été parle de ce qui nous est transmis, tout ce bric-à-brac de lieux, d’objets, de culture, de sentiments aussi, que l’on trie, divise, transmet, à chaque passage d’une génération à l’autre au sein d’une famille« , déclare Olivier Assayas.

A travers lui

Pour l’ex-critique aux Cahiers du Cinéma, réalisateur aussi des Destinées sentimentales et d’ Irma Vep (avec Maggie Cheung qu’il épousera), créer est tout sauf une affaire intellectuelle.  » Le processus est surtout inconscient, organique, explique-t-il. Les films se font à travers moi.  » Choisir les acteurs est aussi pour lui, essentiellement,  » une affaire d’intuition, de désir, de sentiment que je pourrai offrir à tel ou tel interprète l’occasion de s’épanouir, les conditions optimales pour apporter sa vérité au rôle« . Dernier comédien en date à enrichir sa palette, Jérémie Renier est aussi remarquablement sobre et mature dans L’Heure d’étéqu’il est déchirant de souffrance en junkie du Silence de Lorna.  » Je lui ai fait confiance, je l’ai invité à nourrir le personnage de ses expériences de vie, commente Assayas. C’est lui notamment qui a eu l’idée du toucher: son personnage s’exprime moins par les mots que par son côté tactile, en touchant par exemple son frère que joue Charles Berling. Ces deux-là, je les regardais évoluer, fasciné. Devant la caméra, ils développaient des rapports fraternels bien plus riches et palpables que ce que disait le script.  »

La quinzaine de films qu’il a déjà réalisés n’a pas enlevé au cinéaste sa capacité d’émerveillement, son aptitude à capter et goûter cette  » magie du cinéma » qui l’a poussé très jeune, lui qui est fils de scénariste (1), vers la fascination du grand écran. Et vers une cinéphilie qu’il exprime une fois encore, de manière aussi indirecte que subtile, en ayant choisi pour un second rôle de L’Heure d’été Kyle Eastwood, le fils du grand Clint, qui n’était apparu jusqu’ici que dans les films de son père…

(1) Son père est Jacques Rémy, qui écrivit notamment pour les réalisateurs Christian-Jaque et Henri Decoin.

Louis Danvers

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