OEuvres complètes II

© DANIEL MORDZINSKI

« Tout ce qui précède se déroula peut-être ainsi. Peut-être pas. » Et revoilà le terrible Carlos Wieder d’ Étoile distante, cette fois sous le nom de « l’infâme Carlos Ramirez Hoffman »… Oui, on se prélassait encore amoureusement dans le premier pavé, que voilà déjà le deuxième volume des oeuvres complètes du regretté Roberto Bolaño. Pas de poésies cette fois, mais beaucoup de romans, dont le tout premier, Conseils d’un disciple de Morrison à un fanatique de Joyce.

En proposant, en guise de couverture pour le premier volume, une table de travail ornée de textes et de carnets annotés, les éditions de l’Olivier avaient vu juste: l’oeuvre du Chilien est un work in progress constant. Sous l’influence avouée de Schwob ou de Bioy Casares (lisez L’Invention de Morel!), les textes d’une liberté enragée se répondent, s’imbriquent, enchaînent des chapitres consistant en des notes de lecture de livres d’un écrivain légendaire qui, bien sûr, n’a jamais existé, ou questionnent l’intrigue comme si l’auteur lisait dans les pensées du lecteur…

OEuvres complètes II

C’est à peu près ce qui se passe dans Les Déboires du vrai policier, l’un des deux romans inédits en français enfin proposés ici (avec l’ode à Mexico L’Esprit de la science-fiction); comme chez David Lynch, Bolaño prévient: « Le policier est le lecteur, qui cherche en vain à mettre de l’ordre dans ce roman démoniaque ». On y (re)croise Amalfitano ou l’écrivain Arcimboldi (déjà présents dans le chef-d’oeuvre posthume 2666), et on relit à l’envi certaines phrases d’une poésie rare.

On le redit: l’oeuvre de Bolaño est une entité, un organisme vivant parfois monstrueux… Qu’importe, on n’en finit pas de se lover dans ses bras.

ROMAN De Roberto Bolaño, éditions de l’Olivier, traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio et Jean-Marie Saint-Lu, 1184 pages.

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