Dans la course folle au 3D, le cinéma belge a démarré en force. Fly me to the moon allie humour et technologie dernier cri pour envoyer… des mouches à la conquête de l’espace!

L’avenir, c’est déjà aujourd’hui! La percée du cinéma en relief est annoncée de toute part, tant par des réalisa- teurs majeurs et populaires comme Tim Burton et James Cameron que par les plus créatifs des studios hollywoodiens. Dreamworks a d’ores et déjà décidé de passer au « tout relief » pour Monsters vs Aliens, Comment entraîner un dragon et Shrek 4. Burton a déjà commis une version adaptée de L’Etrange Noël de Monsieur Jack, et annonce un nouveau film directement tourné en relief. Une technique également adoptée par Cameron pour sa très ambitieuse transposition de la bande dessinée de Yukito Kishiro Battle Angel Alita.

2008 verra l’avènement du relief, 2009 sa déferlante irrésistible sur une grande partie de la production à grand spectacle. Et au vu des projets actuellement en cours de réalisation, l’avant-goût médiocre donné par La Légende de Beowulf dans les dernières semaines de 2007 sera bien vite oublié.

L’EFFET BEN STASSEN

Dans ce qui apparaît aussi comme une course de vitesse, les « petits » Belges n’ont pas été les derniers dans les starting-blocks. Au point que le premier événement « relief » de l’année tout juste entamée est un film made in chez nous ! Fly Me To The Moon imagine avec beaucoup d’astuce la participation – jusqu’ici restée secrète – de quelques jeunes… mouches à la célébrissime mission Apollo 11 qui permit à l’homme de mettre pour la première fois le pied sur la Lune, voici une petite quarantaine d’années. Derrière ce beau projet d’animation pour public familial, on retrouve sans trop de surprise Ben Stassen. Cet entreprenant cinéaste belge s’est fait un nom dans le domaine des images de synthèse avec Devil’s Mine Ride, un des tout premiers films en CGI haute résolution destinés au grand écran. L’excitant et exigeant format Imax a ensuite accueilli ses créations, lesquelles mêlent volontiers 3D, infographie et images réelles. De quoi faire de la compagnie cofondée par Stassen, nWave Pictures, une force reconnue dans l’univers CGI. Le logo de nWave mettant en exergue un spectateur réjoui, chaussant des lunettes destinées au cinéma en relief.

Fly Me To The Moon, affirme son créateur, est  » le tout premier long métrage en images de synthèse jamais produit et réalisé entièrement, depuis le démarrage du projet, pour une exploitation en relief« . Le choix de l’histoire répond aux exigences du medium, comme les options de mise en scène qui veulent tourner le dos à ce que Ben Stassen appelle l’effet fenêtre.  » Les cinéastes qui utilisent le relief ont toujours considéré l’écran comme une fenêtre à travers laquelle ils jetaient des objets vers le spectateur, commente le réalisateur, alors que nous avons voulu composer un espace 3D dans lequel le spectateur est invité à circuler comme le font en voletant de-ci, de-là, les héros du film. »

UN BUZZ FAVORABLE

Ainsi donc Neil Armstrong et Buzz Aldrin (1) n’étaient pas seuls à fouler notre satellite en ce bel été 1969. Des mouches sont bien allées sur la Lune. Un petit pas pour elles, mais un immense pas pour le monde des insectes… Fly Me To The Moon narre de charmante manière les aventures de Nat, IQ et Scooter, trois sympathiques moucherons qui jouent les passagers clandestins de la mission Apollo, suscitant tout à la fois l’inquiétude et la fierté de leurs proches. Christopher Lloyd, le génial illuminé de Retour vers le futur, prête sa voix au personnage du grand-père dans la version américaine d’un film qui vise clairement une carrière internationale. Avec son animation douce à l’£il, ses options visuelles quasi photographiques, ses héros dépourvus de malice et son humour bienveillant, Fly Me To The Moon joue la carte du spectacle pour familles. Loin du second degré agressif d’un Shrek, du rythme effréné d’un Ratatouille, le film de Ben Stassen séduit sans impressionner. D’aucuns le trouveront un peu trop prudent, notamment dans son usage somme toute assez discret du relief. Le réalisateur belge ménage ses effets, laisse la branchitude à d’autres, et préfère choyer ses plus jeunes spectateurs, ceux qui représentent après tout le public de l’avenir.

Jamais révolutionnaire mais assurément plaisant et techniquement soigné, Fly Me To The Moon sera suivi, c’est certain, d’£uvres plus audacieuses. Car c’est d’expérimentations, d’originalité, qu’aura besoin le cinéma en relief pour ne pas rester un simple piment ajoutant au plaisir du spectateur. Tout comme le Cinémascope, en son temps, eut besoin des paysages désertiques de Lawrence d’Arabie, puis des gros plans sur regards d’ Il était une fois dans l’Ouest pour devenir plus qu’un format, un instrument de création.

(1) Buzz l’Eclair, le très épatant personnage imaginé par John Lasseter pour Toy Story, fut baptisé en l’honneur de cet astronaute qui suivit Neil Armstrong sur le sol lunaire.

TEXTE LOUIS DANVERS

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