Oasis: Supersonic

« Oasis, c’était comme une Ferrari. Un look dément, super à conduire. Mais si on va trop vite, on peut facilement en perdre le contrôle. » D’emblée, Liam donne le ton. Démarrage en trombe. Aiguille dans le rouge. Tout au long de son existence, le bolide de la Britpop aura été en excès (de vitesse) permanent. L’histoire hallucinante et turbulente d’Oasis, c’est celle des Gallagher. Deux frangins cinglés et grande gueule à la relation disons tumultueuse qui ont grandi dans des HLM et sont parvenus à se hisser au sommet des charts et à marcher sur l’industrie du disque… Le documentaire de Mat Whitecross (ils sont producteurs associés) se concentre sur leurs années d’ascension et de gloire. Depuis leurs premières répétitions dans les caves du Boardwalk en 1991 jusqu’à leurs concerts mégalo à Knebworth, cinq ans plus tard, devant 250 000 personnes en deux jours.

Pas ici d’interventions de critiques rock, pas de fans célèbres en pâmoison: Supersonic est une collection d’archives, de séquences MTV, de vidéos personnelles (parfois exceptionnelles) uniquement commentées par les principaux intéressés et leur garde rapprochée (notamment leur mère). Le montage un peu fatigant (image parfois crade et drôle de collages) n’enlève rien au plaisir de l’aventure. Ni à cette succession de punchlines dont les frères gravos détiennent le secret, de « Je veux la tête de Phil Collins dans mon frigo avant la fin des années 90, sinon je serai un raté… » à « Mon rêve, après être chanteur, c’était d’être la plus grande rock star du pays et c’est ce que je suis devenu; un matin, je suis allé dans un pub vers 11h; à 11h30, les gens dansaient sur les tables et prenaient de la cocaïne; moi qui venais juste boire une petite pinte et lire le journal… » Autre exemple? Liam y raconte que sa passion pour la musique est née après s’être mangé un coup de marteau sur la tête par une bande de gros durs alors qu’il fréquentait encore les bancs de l’école. « Il y avait du sang partout mais j’ai raté deux heures de math, alors tant mieux. » « J’ai un très bon alibi, enchaîne son frangin. J’ai rien à voir la-dedans. Quelqu’un lui a fait entrer la musique dans son putain de crâne. Sacrée responsabilité… »

S’il évoque aussi la métamphétamine, les embrouilles et leurs relations avec un père violent, Supersonic n’est pas le portrait définitif d’Oasis. C’est en revanche un docu décapant, rythmé par les engueulades ( « Si on avait été poissonniers, on se serait assommés à coups de truites… »), sur un groupe devenu une entreprise. Une success story rongée par l’ambition, la rivalité, les excès et le pognon. Truculent même si parcellaire.

Documentaire de Mat Whitecross.

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