Nulle part sur la terre

de Michael Farris Smith, Éditions Sonatine, Traduit de l’anglais (USA) par Pierre Demarty, 456 pages.

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Comme l’indique le titre de leur chemin de croix plus que de leur histoire, Mabel et Russell n’ont « nulle part où aller sur la terre ». Où qu’ils aillent, d’où qu’ils viennent (Mabel, détruite dès l’enfance, est désormais soupçonnée de meurtre, Russell sort de prison et a beaucoup de comptes à régler, et d’abord avec lui-même), seule la souffrance les attend. Et le désespoir. Et le pire de l’espèce humaine. Nulle part, sauf visiblement dans le Mississippi et ce sud rural devenu si tendance dans le polar américain. On connaissait James Lee Burke, Larry Brown ou Ron Rash, pour ne citer que les plus proches géographiquement, il faut désormais compter sur Michael Farris Smith, David Joy, Donald Ray Pollock ou les trois quarts du catalogue Gallmeister, nouvelles stars de ce « genre dans le genre » devenu star lui-même: un « rural noir » qui n’est pas sans rappeler les grandes heures révolues du polar français à la Manchette. Un polar social, libertaire et parfois littéraire, fasciné par la pulsion de vie qui continue de hanter les plus détruits et cette fois les plus oubliés du rêve américain. Il y a un peu de tout ça dans ce Nulle part sur la terre sec, poignant et crépusculaire. Peut-être même parfois un peu trop.

O.V.V.

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