Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

La plus grande série télé contemporaine a mal chuté. Et il est trop tard pour lui donner un carton rouge.

L’un a rejoint le banc de touche. L’autre l’a quitté pour entrer en piste. En l’espace de 3 semaines à peine, 2 des plus importants événements télévisés de ces dernières années se sont produits. En l’occurrence la fin de la série Lost, et l’entame de la coupe du monde de foot 2010. Une mort et une naissance qui partagent a priori peu de points communs: déjà, sur le plan des audiences, c’est un peu comme si on comparait Lionel Messi et Orlando Engelaar au garrot: des chiffres à la peine pour la série, et des records à la chaîne pour le sport. Ensuite, au niveau du profil du public, on ne joue pas dans la même ligue: d’un côté, il est composé de geeks en puissance et de l’autre, des familles, des hommes, des femmes, des riches, des pauvres, de vous, de moi (enfin non, pas moi). Enfin, au rayon du récit, le terrain est quelque peu différent.

Cela étant, Lost et la coupe du monde présentent quand même des similitudes, et non des moindres. D’abord, elles se visionnent souvent entre potes -initiative de plus en plus rare, à l’heure du morcèlement et de la segmentation de l’offre télé-, pour mêler ses larmes et sa sueur aux sécrétions des autres. Et puis, elles se regardent en criant sur son écran, en invectivant sa télé -Nooon, Merde, Attention, Derrière toi-, histoire de changer le cours du match ou de sauver la vie à ses héros. Et finalement, elles présentent des personnages jeunes, beaux et physiquement à leur zénith, partitionnés à la fin entre gagnants et perdants. A noter aussi qu’en foot comme en télé, l’issue des affrontements est souvent décevante.

Taule

La différence, c’est que la compétition sportive est récurrente, tandis que Lost est terminée pour toujours. Sans petite finale. Et ses auteurs ne peuvent plus se refaire. Une conclusion d’autant plus cruelle que Damon Lindelof et Carlton Cuse s’y sont pris les pieds dans le gazon, avec leur dénouement neuneu, à la fois illuminé et obscur. Une taule monstrueuse, pleine de boue et de sang, qui laisse les millions de fans de la série sonnés comme après un coup de boule en plein torse. C’était donc ça, l’extraordinaire final que nous promettaient les pères de Lost depuis quelques années? L’épilogue qui devait répondre à toutes les questions laissées en suspens depuis 6 ans? Tout cela n’était donc visiblement qu’une gigantesque feinte, après 120 épisodes d’esquive. Pas très sport, comme attitude. Sayid Jarrah n’aura pas l’occasion d’entrer dans la légende comme Saeed Al-Owairan.

myriam leroy

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