Mon maître et mon vainqueur

Il y eut un coup de feu. La victime, morte ou pas? Cela reste flou. Interrogé par un juge, le narrateur retrace, pour documenter le drame qui s’est joué, la rencontre dont il est à l’origine, entre Vasco son ami qui travaille à la Bibliothèque nationale française et Tina, comédienne quasi mariée, fascinée par Verlaine. Le charme opère tant entre eux qu’avec les poètes qu’ils admirent. Un amour passionné quitte à rejouer la dispute Rimbaud-Verlaine, pistolet Lefaucheux inclus. Il y eut coup de feu donc, mais il y eut aussi la poésie qui noircit le carnet de Vasco, repris dans les pièces à conviction. Les deux maudits précités, Baudelaire, Apollinaire, autant d’hommages auxquels s’ajoute celui fait à Tanguy Viel (le procédé de l’interrogatoire étant emprunté à celui d’ Article 353 du Code pénal). Après les évocations du mathématicien Évariste Galois ( Évariste) et de Romain Gary ( Un certain M. Piekielny), François- Henri Désérable joue avec la littérature. Non sans brio, sa plume précise et sensible venant décortiquer pièce par pièce, sentiment par sentiment, cette histoire d’amour et d’adultère. Un faux polar construit en flash-back et à l’humour érudit qui fait honneur aux belles lettres et, du coeur préservé dans l’alcool de Voltaire à l’arme du crime, à ses reliques.

De François-Henri Désérable, éditions Gallimard, 192 pages.

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