Qualité totale – Avec Saskamodie, le Canadien Mocky délaisse ses côtés les plus pop et réalise le disque qu’il fantasmait depuis toujours: une rêverie jazz sixties.

« Saskamodie »

Distribué par Crammed. En concert, le 12/04 au Muziekodroom à Hasselt; le 13/04 au Vooruit à Gand.On a beau tourner la question dans tous les sens, on n’a toujours pas trouvé de réponse tout à fait satisfaisante – et ce n’est pas forcément mauvais signe. Comment en effet qualifier Saskamodie, quatrième disque de Mocky (Dominic Salole pour l’état civil)? Les deux pieds dans un certain jazz, l’album n’est jamais très loin non plus du format pop. Surtout, tout en étant musicalement luxuriant, il reste aussi léger qu’une plume. Explication de l’intéressé: « Je voulais créer un disque qui soit une sorte d’univers parallèle. Le but était d’imaginer un album qui sorte tout droit de la fin des années 60, 70. Mais en arrivant à lui donner une chaleur contemporaine. »

Mocky est loin d’être un inconnu. Camarade de gens comme Feist, Jamie Lidell ou Gonzales, il a largement apporté sa contribution à leurs succès respectifs. Lui-même est l’auteur du classique underground Sweet Music. Un titre qui lui aura permis d’enregistrer Saskamodie. « Une chaîne de supermarchés autrichienne l’a utilisée sans mon accord. Je l’ai appris via un message envoyé sur ma page MySpace. Donc le plan, c’était de prendre l’argent, et filer dans les studios Ferber à Paris pour enregistrer ce disque! (rires) J’aurais pu m’assurer un avenir un peu plus tranquille, m’acheter un appart ou un truc du genre. J’ai préféré réinvestir la somme dans ce disque. Parce qu’au bout du compte, mon boulot reste de faire de la vraie musique, quand la plupart se contentent trop souvent aujourd’hui de torcher une chanson pop sur leur laptop en rajoutant de l’auto-tune. »

Coton

Mocky s’était fait surtout connaître jusqu’ici pour ses morceaux électro-funk louchant sur le hip hop. Aujourd’hui, le voilà qui effectue son retour à ses premières amours jazz. En douze titres, le Canadien (Saskatchewan, 1974) dessine ainsi un univers d’une élégance folle. A la limite de la préciosité parfois, Saskamodie plonge régulièrement dans le coton ( Little Journey, Somehow Someway). Une sorte de douce mélancolie à la Erik Satie qui n’est jamais très loin non plus du spleen. La voix de Claudine Longet, par exemple, aurait pu parfaitement accompagner la guitare acoustique de Guiding Light: on y retrouve les mêmes échos bossa que sur Nothing To Lose chantée dans le film The Party.  » C’est vrai, j’ai essayé de retenir ce feeling un peu brésilien tout au long du disque. Pas tellement dans les rythmes mais bien dans les mélodies languissantes. »

De la musique brésilienne, Mocky a surtout intégré cette capacité à combiner richesse musicale et évidence mélodique . « Je voulais faire un disque principalement instrumental, mais sans pour autant partir dans quelque chose d’hypercompliqué. Après tout, une partie de moi reste ce gamin poppy des années 80 – j’avais 10 ans quand Thriller est arrivé. J’ai donc évacué par exemple tout ce qui aurait pu relever de l’élément atonal, du solo… Toutes des choses qui empêchent parfois les gens de se connecter. Au final, je voulais un disque qui retrouve une sorte de naïveté ou d’innocence presque enfantine. Et à partir de là, ajouter de la profondeur et de la perspective. » Mission parfaitement accomplie.

www.myspace.com/mockyrecordings

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