Mister Nobody

Christian De Metter signe le quatrième épisode de la première saison d’une « série d’anthologie ». Une manière de faire qui tient autant de la télé que de la BD.

Nobody, S01EP04. Le jour où sa BD sera, qui sait, adaptée en série télévisée, Christian De Metter n’aura déjà plus grand-chose à prévoir en termes de découpage, de rythme et de placements de ses rebondissements, puisque tout est déjà dans sa « série d’anthologie » comme il la nomme lui-même. On s’est d’ailleurs offert une grosse séance de « binge watching » de ses 4 x 80 pages pour bien comprendre et clôturer comme il se doit cette première saison, extrêmement labyrinthique et très référencée « audiovisuel US », du moins dans l’esprit et les codes: si vous avez aimé True Detective et Le Silence des Agneaux, vous devriez apprécier Nobody. « Nobody » comme « personne » ou comme « pas de corps » -un titre qui prend tout son sens avec l’ultime « twist » (pas si « mindfuck » que ça) de cette première saison qui se suffira à elle-même. Christian De Metter y clôt, c’est le terme, l’histoire entamée un an et trois albums plus tôt dans le Montana autour d’un homme sans nom qui s’accuse d’un crime horrible, et qui va petit à petit en raconter bien d’autres à la psy qui l’interroge en prison.

Mister Nobody

Angoisse et confort

Malin, Christian De Metter a découpé ce premier long récit de plus de 300 planches en quatre épisodes correspondant grosso modo à quatre décennies de la vie de Nobody, voyageant ainsi dans l’Histoire de l’Amérique contemporaine autant que dans les figures imposées du polar: l’infiltration d’un gang de bikers dans les années 70, une enquête sur un serial killer dans les années 80… Des récits dans le récit, tournant à chaque fois autour du thème de l’identité et de sa perte, saupoudrés juste ce qu’il faut de faits réels, pour plonger le lecteur dans un récit à la fois particulièrement anxiogène et extrêmement confortable, à force de peloter ainsi les repères d’une pop culture connue et éprouvée. La saison 2, déjà sur les rails, nous amènera cette fois en Italie, dans un récit choral autour d’un enlèvement. L’occasion, pour celui qui avait déjà adapté en bande dessinée Shutter Island de Dennis Lehane et Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, de se frotter à une nouvelle imagerie et sans doute à de nouveaux clichés du genre, en variant à chaque saison sa palette d’écriture et de dessin, qu’on lui sait large. De quoi allier tous les plaisirs pour cet auteur français très actif: se confronter aux genres qu’il affectionne et se renouveler à chaque roman graphique (à quoi équivaut, au final, une saison de Nobody), tout en fidélisant un public qu’il n’a pas envie de perdre d’un projet à un autre, et à qui il promet, à intervalles réguliers, des récits qu’il veut  » haletants et intriguants« . On dit bien joué.

Nobody saison 1, épisode 4/4. La Spirale de Dante

de Christian De Metter, Éditions Soleil/Noctambule, 80 pages.

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